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vores ; ce qui leur a fait penser qu’il doit se trouver aussi dans beaucoup de substances végétales, étant combiné avec la chaux dans les urines de ces animaux ; ils ont proposé de l’en extraire par le moyen de l’acide muriatique ; dissous et filtré plusieurs fois, il peut être alors très-propre aux usages chimiques et pharmaceutiques ; il forme avec les substances terreuses, alcalines et métalliques, les benzoates ; il est employé en médecine et dans les arts.

Le benjoin dissous par l’alcool, et précipité par l’eau, forme le lait virginal ; associé avec quelques résines, il entre dans la composition des vernis légèrement colorés dont on se sert pour les instrumens et les meubles. Il a été employé, comme un excellent incisif, dans les embarras du poumon, des reins, et en frictions, soit dans les douleurs rhumatismales, ou dans les affections de paralysie.

Acide bombique. Cet acide, d’une couleur jaune, et d’une saveur piquante assez prononcée, a été trouvé par M. Chaussier dans le papillon du ver à soie : il existe aussi dans quelques autres insectes ; et, quoiqu’il ait été peu examiné, il paroît qu’il se rapproche beaucoup de l’acide acétique.

Acide boracique, borax. Ce que nous savons de positif sur l’histoire naturelle du borax, se trouve consigné dans les Transactions Philosophiques, année 1787, par deux auteurs différens, qui se sont procuré quelques détails des habitans mêmes du pays. Cette substance, trouvée au fond des lacs du Thibet, paroît avoir été connue des anciens qui l’appeloient chrysocolla, et l’employoient pour la soudure des métaux. Apportée dans le commerce sous nom de borax ou tinckal, on la purifioit à Venise, en Hollande ; mais depuis quelque temps on fait cette opération à Paris. Le borax est une combinaison d’acide boracique et de soude : peu employé en médecine, on s’en sert beaucoup dans les arts pour la composition des flux réductifs, la soudure des métaux et le rétablissement des fontes dans les verreries. On en retire l’acide boracique par divers procédés, mais surtout par les acides nitrique, muriatique, qui, ajoutés en excès à la dissolution, le précipitent sous la forme de paillettes cristallines. Lavé, et parfaitement purifié, il est en lames brillantes comme des écailles de poissons. Il a une saveur fraîche, acide et salée ; l’air ne peut pas l’altérer. Une livre d’eau bouillante n’en dissout que cent quatre-vingt treize grains ; il est plus soluble dans l’alcool auquel il communique, en brûlant, une flamme verte. Homberg est le premier qui l’ait retiré du borax ; il l’a appelé alors sel sédatif, à cause des propriétés calmantes qu’il lui attribuoit. Hoefor a démontré sa présence dans plusieurs lacs de la Toscane, et Martinowich l’a trouvé parmi les pétroles de la Gallicie. La nature de cet acide nous est parfaitement inconnue, malgré les travaux de plusieurs chimistes ; Crell lui a reconnu les propriétés des acides sébacique et muriatique ; Fabroni a fait des recherches plus heureuses, car il n’est, d’après ses expériences, qu’une modification de l’acide muriatique ; mais son travail ne nous est pas parvenu. L’acide boracique peut servir dans plusieurs arts comme le borax ; Lassone l’a employé pour rendre le tartre soluble ; il n’est d’aucun autre usage en médecine.

Acide carbonique. Les expériences faites à différentes époques sur la combustion du diamant par l’Académie del Cimento, Darcet, Rouelle, Fourcroy et Lavoisier, servirent à confirmer la théorie de Newton sur la propriété combustible de cette substance ; mais c’est à M. Guyton de Morveau que sont dues les premières connoissances exactes de