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des symptômes plus pressans et beaucoup plus alarmans que celui que nous venons de décrire : la rapidité avec laquelle ces symptômes s’y succèdent empêche souvent de secourir les animaux : aussi les suites de ce part sont-elles plus dangereuses que celles d’un part languissant, parce qu’il est toujours plus facile de solliciter les forces de la nature que de les modérer et de les réprimer.

Le part tumultueux est opéré par une nature fortement irritée, et qui pèche plutôt par excès que par défaut de forces. Ce part est le partage des jeunes sujets, qui ne portent pas leur fruit à terme, qui pâturent des plantes trop aromatiques, ou des plantes âcres, qui s’abreuvent d’eau chargée de cantharides, qui ont les principes de la pléthore sanguine, de la maladie rouge, de la fièvre ardente, de la fièvre charbonneuse, de la péripneumonie inflammatoire, de la dyssenterie, et autres maladies épizootiques aiguës. Les indigestions méphitiques simples, et les indigestions méphitiques compliquées de la dureté de la panse, y donnent aussi fréquemment lieu ; il en est de même des coups, des efforts et des chutes que l’animal peut faire, recevoir, et se donner.

La fièvre précède, accompagne, ou suit de très-près ce part, qui le plus souvent n’est annoncé par les symptômes qui le caractérisent, qu’au moment où il s’effectue.

La mère s’affecte, fait des efforts excessivement violens pour pousser et expulser le veau ; ces efforts ne sont pas toujours suivis de l’expulsion, souvent ils précèdent la dilatation du col de la matrice, et alors ils ne tendent qu’à épuiser inutilement les forces, et à occasionner la chute de l’anus et le renversement du vagin. D’autres fois, ces efforts sont si violens, qu’ils opèrent non seulement l’expulsion du fœtus, mais encore le renversement de la matrice ; de manière que les parties contenues, ainsi que les contenantes, sortent en même temps, et pour ainsi dire subitement.

Quand le veau est expulsé, sa sortie est immédiatement suivie du renversement du col de la matrice, d’une irritation, d’une inflammation très-forte de la vulve, du vagin et du rectum.

La vache fait des efforts pour expulser le placenta ; mais ces efforts tendent plutôt à faire sortir le vagin et la matrice, qu’à opérer la délivrance.

Quand le renversement de la matrice accompagne la sortie du fœtus, les douleurs sont encore plus violentes, la vache tend toujours de plus en plus à pousser, et son travail est alors si tumultueux, qu’il paroît agir pour faire sortir toutes les parties contenues dans le bas ventre ; la bête est en effet dans un état si violent et si alarmant, que, pour peu que les secours tardent, l’anus sort et se renverse, les convulsions surviennent, et la mort termine cet état pénible.

Dans ces circonstances, le placenta est toujours fort adhérent à la face interne de l’utérus ; cette adhérence est d’autant plus forte, que la gestation étoit moins avancée, que la vache est plus jeune et plus irritable.

On voit que pour opérer la délivrance il se trouve deux états bien différens, relativement à la manière d’y procéder. En effet, ou le placenta est renfermé dans l’utérus, où il se présente sur la surface interne de ce viscère, après qu’il a été déplacé et renversé. Il y auroit toujours un danger imminent pour la mère de ne pas l’aider des secours de l’art ; dans le dernier sur-tout, ce seroit l’exposer à une mort aussi cruelle que certaine.

Lorsque le placenta est renfermé dans la matrice, le col de ce viscère est très-resserré sur le cordon ombilical qui, dans cette circonstance, sort et pend en de-