réussiroit. Ces deux plantes ont, à peu de chose près, les mêmes facultés et les mêmes habitudes, soit pour la durée, et le degré d’humidité qui leur convient, soit pour leur culture. L’abutilon est seulement un peu moins délicat sur le choix du terrain, et n’est pas aussi sensible aux impressions de la gelée que le chanvre. Cette propriété intéressante doit apporter quelques changemens dans l’époque de son semis. Ou pourroit l’effectuer de douze à quinze jours plus tôt que celui du chanvre, et le cultiver dans des pays plus septentrionaux. Mais, avant que d’entreprendre la culture en grand de l’abutilon, ainsi que des autres malvacées, il seroit utile de s’assurer par des expériences comparatives, suivies avec exactitude, 1°. de la qualité de leur filasse, de ses usages, et de sa durée ; 2°. de la quantité de leurs produits ; 3°. et, enfin, de la valeur numérique de ces mêmes produits. Les essais du botaniste espagnol n’offrent aucune donnée à cet égard, et il est encore douteux que cette culture soit aussi productive que celle du chanvre. Si elle ne lui étoit inférieure que d’un tiers de produit net, ces plantes mériteroient d’être cultivées, à cause de la faculté qu’elles offriroient aux cultivateurs d’alterner leurs cultures de plantes textiles, dont le nombre est si restreint en Europe ; propriété précieuse qui fait la base et la richesse des différentes branches de l’agriculture.
Le deuxième mode de culture, proposé par M. Cavanilles, est sans doute très-expéditif et peu coûteux ; mais son produit ne seroit-il pas aussi mince que la dépense sur laquelle il seroit établi ? On n’obtient des libres longues, belles et fines, propres à la bonne filature, que de plantes qui, ayant crû très-rapprochées les unes des autres, ne fournissent point de branches latérales. Les malvacées, abandonnées à elles-mêmes, croissant isolément, formeroient des plantes rameuses dès leur base, et par conséquent peu élevées. Elles ne fourniroient qu’une filasse difficile à extraire, très-courte, de mauvaise qualité, et de peu de valeur. D’ailleurs, les bords des fossés et des ruisseaux sont ordinairement très-utiles pour diverses sortes de cultures non moins intéressantes que celle des plantes filamenteuses. La guimauve, seule de cette famille, et peut-être la ketmie des marais, (hibiscus palustris L.) en raison de ce qu’elles sont vivaces, et que les racines de la première ont une valeur dans le commerce, pourroient être employées à cet usage. Quant aux marais abandonnés par excès d’humidité, dans lesquels M. de Cavanilles recommande de semer ces malvacées, il est bien plus utile à l’agriculture de les planter en arbres aquatiques qui, en exhaussant insensiblement le terrain, le soustraient aux eaux stagnantes, fournissent des produits plus considérables aux propriétaires, et préparent aux générations suivantes des climats sains et des sols fertiles. (Thouin.)
ACACIA ou ROBINIER, Robinia pseudo-acacia Linn. Quelque respectable que soit l’autorité de Duhamel, et si j’acquitte ici ma part de la dette de la reconnoissance, que ceux qui s’intéressent aux progrès de la physique végétale, doivent payer à cet illustre père de l’agriculture, je ne pense pas, comme l’indique cet auteur, qu’il soit nécessaire de placer les semences d’acacia dans un vase rempli de terre et de les conserver ainsi jusqu’à l’époque du semis. Cette précaution seroit oiseuse si la terre étoit sèche, et elle seroit dangereuse si elle étoit chargée de la moindre humidité, car le germe de l’acacia est aussi ardent à sortir de ses semences, que l’arbre entier est prompt à s’élever en haute-futaie : la graine d’acacia placée dans la terre sèche n’est pas mieux que dans un sac de toile ou de papier, ou dans une boîte ; et placée dans la terre humide, elle se gon-