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de fort près par le bois, il faudroit y pratiquer des avenues larges de trois pieds, dont l’abreuvoir seroit le centre, et y ménager des verges ou baguettes propres à recevoir les gluaux.

Ce seroit aussi le cas d’y multiplier les collets volans, à piquets et autres. (Voy. ceux qui sont décrits aux art. Alouette, Bécasse, Becfigue, etc.) Celui des collets à ressorts connu communément sous les noms de raquette, rejet, ou sauterelle, se tend aussi avec avantage aux abreuvoirs. Ce piège est formé avec un bâton souple et élastique long de trois pieds à trois pieds et demi, et plié vers son milieu de manière à ce que ses deux extrémités tendent à se rapprocher comme pour présenter la figure d’un O très-ovale dont le haut n’est point fermé, ou pour mieux dire, celle d’un U. Cette baguette ainsi pliée se pose sur sa partie courbe, les branches en l’air, et pour la maintenir dans cette situation, on se sert d’une pierre ou mieux d’une seconde baguette droite fichée en terre et qui tient au milieu de la corde tendue d’une extrémité à l’autre des deux branches de la raquette. Cette corde est un petit cordonnet de soie ou de filasse bien lisse et passablement fort, de la grosseur au moins d’une bonne tête d’épingle ; une des branches de la raquette est percée d’un trou rond à un pouce environ de son extrémité. C’est par ce trou que passe la corde qui fait le collet ; elle est pliée en double et attachée sur la branche non trouée. Avant de l’attacher on aura eu soin d’y faire un croisé simple ou nœud coulant, à cinq ou six pouces environ de l’extrémité qui doit passer par le trou. Ce nœud lui-même doit aussi y passer et le faire librement. Tout ceci étant disposé, on tend ce piège au moyen d’un petit bâton appelé marchette, gros comme une bonne plume à écrire, et long de quatre pouces ; une de ses extrémités est un peu aplatie, et cette extrémité pose sur un petit rebord ou menton pratiqué au dessous du trou dont on vient de parler ; et, pour l’y faire tenir dans une situation horizontale, on tire à soi la corde ou collet, en pliant la branche jusqu’à ce que le nœud coulant soit sorti du trou. Alors l’extrémité aplatie de la marchette se trouve prise et serrée entre ce nœud et le petit rebord sur lequel elle pose, ce qui suffit pour la maintenir. Mais l’oiseau le plus léger, en se posant dessus, la fait infailliblement tomber, et le surplus de la corde, qu’on a ouvert déployé en rond sur la marchette, forme un collet qui lui serre les pattes contre la branche trouée qui se détend par la chute du petit bâton. Pour que, dans le cas où l’oiseau échapperoit, la corde ou collet ne puisse pas sortir du trou, on fixe à l’extrémité de cette corde un petit bâton transversal qui borne la détente de la branche trouée, et que, pour cela même, on appelle l’arrêt.

C’est une précaution sage que d’attacher sa marchette au moyen d’un fil assez long après la branche trouée à laquelle elle doit s’adapter : par ce moyen on évite de perdre ce petit instrument, et on l’a toujours sous la main, lorsque l’on a besoin de tendre son piège. Les raquettes servent beaucoup pour les oiseaux pillards qui fréquentent les vignes et les vergers, soit à l’époque des fruits précoces, soit à celle où leur disette commence à être sensible. On amorce de fruits l’extrémité de la branche trouée de manière à ce que la marchette présente à l’oiseau un point d’appui pour saisir cet appât ; on doit, de plus, avoir l’attention de tailler en pointe les deux branches de la raquette, pour empêcher les oiseaux de s’y percher. Le trou que l’on fait actuellement rond étoit autrefois carré, et la marchette étoit taillée pour y entrer, à la vérité à une infiniment petite profondeur ; néanmoins on a trouvé que la détente en étoit plus dure que celle