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nouveau présenté étoit plus limpide, et il a ajouté à cette montre deux bouteilles d’eau-de-vie, dont l’une à dix-huit degrés et demi, et l’autre à vingt-deux degrés, qui, toutes deux, ont été trouvées très bonnes. Voici les procédés qu’emploie M. Lombard :

Pour le vinaigre. Lorsqu’on a dépouillé de miel les rayons, on les met dans l’eau, et le peu de miel dont les gâteaux restent imprégnés, procure bientôt une fermentation. L’eau ainsi miellée prend, exposée au soleil, de l’acidité ; et se convertit en un vinaigre, assez foible à la vérité, mais dont on peut augmenter la force en l’exposant à la gelée pour le concentrer. La partie aqueuse gèle, et on la sépare.

La proportion que l’on doit suivre est d’une partie de marc de gâteaux exprimés, sur deux parties d’eau, c’est-à-dire que, si on a cinquante livres de marc, on emploie cent livres d’eau.

On met le tout dans un baquet qu’on tient au soleil s’il a encore de la force, ou, dans le cas contraire, dans un lieu chaud, et qu’on recouvre avec un linge. La fermentation ne tarde pas à s’établir, et dure huit à douze jours, selon la température ; on remue alors de temps en temps la matière, en appuyant les mains sur elle pour qu’elle trempe bien, et, lorsque la fermentation a cessé, on la met égoutter sur des tamis. On lave ensuite le baquet, au fond duquel se trouvera une lie jaune qu’il faut jeter ; après quoi, l’on y remet l’eau dégagée des matières, et qui, dès-lors, commence à avoir de l’acidité. On recouvre le baquet avec le linge, on le tient dans une douce température, et, sur sa surface, se forme une peau sous laquelle l’eau achève de se convertir en un vinaigre qui, prenant chaque jour de la force, se trouve déjà piquant au bout d’un mois. Quelque temps après on met ce vinaigre dans un tonneau dont on laisse la bonde ouverte, et on en fait usage comme de tout autre vinaigre. Le marc des gâteaux qui a servi à la confection est mis ensuite dans la chaudière pour la fonte, et produit d’aussi bonne cire que s’il n’eût pas subi cette première préparation.

Pour l’eau-de-vie. On met dans un baquet les eaux qui ont servi à la première fonte de la cire : comme elles restent encore imprégnées de miel quelques jours, elles fermentent, ce que l’on reconnoît aux bulles d’air qui s’élèvent sur leur surface. On les jette alors dans un alambic, et l’on en extrait de l’eau-de-vie. Trois cents pintes d’eau de cire ont donné à M. Lombard, cinquante pintes d’eau-de-vie à dix-huit degrés et demi ; et quarante pintes de cette eau-de-vie ayant été rectifiées, en ont produit dix à vingt-trois degrés. Ainsi les eaux brunes et sales que l’on jetoit, utilisées par le simple procédé que nous venons d’indiquer, ont donné leur sixième en eau-de-vie à dix-huit degrés et demi, laquelle à son tour, distillée de nouveau, a fourni son quart en une eau-de-vie très-limpide à vingt-trois degrés.

Miel. De sa manipulation. Une forte cuiller suffit pour vider les couvercles, briser les rayons et les faire tomber dans un des paniers placés sur les baquets ; mais quand, on veut dépouiller une ruche, on arrache avec une tenaille les baguettes qui soutiennent les rayons, et l’on se souvient qu’à cet effet elles doivent être un peu saillantes. On a une espèce de couteau qui ressemble à une petite bêche coupant de tous les côtés ; (planche II, figure 13) il sert à détacher les rayons du fond, que l’on retire intacts avec un crochet à deux griffes, (planche II, figure 14) lequel doit être de la même longueur que le couteau. À mesure que l’on vide les ruches, on brise sur les paniers les rayons remplis de miel, on met à part ceux qui sont