Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parois, afin que les eaux du couvercle descendent sans obstacle ; autrement, en séjournant sur le plancher, elles y causeroient de la moisissure ; ou bien l’eau, s’échappant à travers les fentes qui seroient pratiquées près du centre, inonderoit le couvain et les abeilles qui se trouveroient le long de sa chute.

» Elle donne bien de la facilité pour recueillir les essaims, en ce qu’on les reçoit dans le couvercle seulement.

» La ruche villageoise est avantageuse enfin, parce que, n’étant point sujette à se rompre ni à se déformer, elle peut se transporter, sans danger pour les abeilles.

» Moyens d’obtenir l’uniformité entre les ruches villageoises et leurs couvercles. Déjà nous avons fait sentir suffisamment la nécessité de cette uniformité, pour les soins que nous devons donner aux abeilles ; nous ajoutons que de cette uniformité il résultera bientôt un langage commun, une communication facile et naturelle entre les propriétaires d’abeilles ; et de là des observations plus précises, des préceptes plus rapprochés et plus sûrs, pour l’éducation et la conservation de ces précieux insectes.

» Un métier simple est nécessaire pour former les tissus de paille ; on pourra facilement l’exécuter d’après sa description.

 » On prend un morceau de planche de bois de noyer, d’environ deux pouces d’épaisseur, et de quatorze pouces de diamètre ; on l’arrondit sur le tour, et on le réduit à treize pouces huit lignes. (Pl. II. fig. 6.) On creuse la planche d’un pouce, en laissant au pourtour un bord de dix lignes, ce qui donne un diamètre d’un pied d’un bord à l’autre.

» On évide le bord à sa surface, de manière que dans le milieu, il y ait environ une ligne et demie de profondeur. On fait un quart de cercle en dedans et en dehors du bord. (Voy. le profil, fig. 7.) Au défaut du quart de cercle, on marque quarante-deux espaces, qui donneront entr’eux un pouce fort. À chaque espace marqué, on fait, avec, une vrille fine, un trou en biais de gauche à droite ; et comme le lien que l’on emploie pour faire le premier tour sur ce métier, est plat, on fait passer dans chaque trou, un petit fer rouge plat, de deux lignes de largeur ; alors le métier guide pour commencer les ruches.

» Manière de faire la ruche villageoise. La ruche villageoise doit se faire plutôt avec de la paille de seigle qu’avec celle de blé, parce qu’elle est plus longue, moins grosse et plus flexible. Les rouleaux de paille qui forment la ruche, doivent être de neuf à dix lignes de grosseur. Pour lier ces rouleaux, et les assujettir en les montant en vis ou spirale les uns au dessus des autres, on se sert d’écorces de ronces, ou de noisetiers, ou de tilleuls, ou d’osier fendu, tel que celui qu’emploient les tonneliers, avec l’attention d’en enlever préalablement la moelle. L’osier craquant ne vaut rien pour faire les ruches.

» Dans des gerbes de paille de seigle, on en choisit qui soit saine ; on prend à deux mains une poignée de cette paille du côté du gros bout, on la bat sur la rondeur d’un tonneau mis sur le côté ; alors, les grains des plus grands épis sortent sans que la paille soit brisée ; on prend cette paille sous les plus grands épis, on la secoue pour faire tomber la plus courte, qui est réservée pour être battue au fléau ; il ne reste dans les mains que la grande paille que l’on emploie.

» Quand on veut faire une ruche, on met tremper l’osier ou les autres liens la veille, afin de les rendre flexibles ; on prend la paille dont on retranche les épis avec une serpe, on la bat avec un morceau de bois rond, afin de la rendre souple sans la briser ; et on la passe entre les dents d’un râteau, ou dans un peigne