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des habitans de la terre. Ce sont ses expressions : quel galimatias que tout cet article ! En admettant les ravages de la petite vérole, il faut aussi admettre les moyens de les prévenir ou d’en arrêter le cours. Il paroît que ce praticien n’en connoit pas l’existence, en prenant la précaution d’empêcher le virus de se communiquer au sang. Eh ! d’où naissent donc la fièvre et les autres symptômes, si le virus n’a pas altéré le sang ? Mais en vérité cet homme ne mérite pas une réfutation sérieuse.

Quand à nous, nous inoculons par incisions, pour prévenir les dépôts, les métastases critiques et une infection trop considérable des fluides. Car nous observons que l’ulcère qui naît de chaque incision, débarasse les humeurs d’une partie du levain varioleux, même avant l’invasion de la fièvre, puisque le pus qui en coule, communique la contagion. Nous avons vu avec tout homme en état d’observer, que les enfans, inoculés par incisions, avoient des accidens moins graves que ceux qui reçoivent la petite vérole par piquûres. Quand aux suppurations que produisent les incisions, on ne conçoit pas qu’elles aient pu faire, de la part de gens qui se disent médecins, le sujet d’une objection. Le sentiment de Gandoger repose, de son aveu même, sur les bases suivantes : les inflammations érysipélateuses qui naissent de l’application des onguents et des emplâtres : or ceux qui pratiquent les incisions, n’emploient pas depuis long-tems ces médicamens externes, et peut-être n’en a-t-on presque jamais fait usage dans ce cas, puisque la suppuration n’a pas besoin d’être excitée, et qu’abandonnée à la nature, elle se termine d’elle-même après la dépuration du sang. Enfin, il est prouvé que ceux qui portent des exutoires ne sont jamais aussi gravement attaqués par les maladies contagieuses, et notamment par la petite vérole, que les autres sujets chez lesquels il n’existe point de suppuration artificielle. Il est encore prouvé que pour arrêter le cours des désordres qu’occasionne la petite vérole inoculée, on est forcé à susciter des suppurations externes. Mais il est démontré aussi qu’elles ne sont pas toujours suivies du succès qu’on en attendoit, parce que la causticité du virus varioleux est, en certains cas, si active qu’elle détruit l’organisation des viscères ou des organes, dans l’espace de quelques heures. Or quel secours attendre d’un vésicatoire qu’on n’appose qu’au moment où un pareil malheur est déjà arrivé ? car si l’on attend un symptôme dominant pour y avoir recours, et que les effets funestes dont ce symptôme est accompagné, soient le produit d’une action si accélérée, on avouera au moins que dans ce cas tout secours devient superflu, parce qu’il est trop tardif. Car qu’on ne dise pas que l’irritation excitée à l’extérieur opérera une métastase de l’humeur morbifique, puisque l’irritation causée à l’intérieur par cette même humeur, est parvenue à son comble, au moment où l’on s’en apperçoit, et qu’elle efface,