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d’où résultent les engorgemens partiels des viscères ; mais ce n’est pas une inflammation sincère. Quoiqu’il en soit, on ne peut se dispenser de tirer du sang à l’invasion de la maladie, quand le sujet est pléthorique ; quand il se fait un engorgement, quoique faussement inflammatoire, dans un sujet qui n’a point été épuisé ; et enfin, quand le caractère inflammatoire n’est pas manifestement dominé par celui de la malignité. On convient que la pratique qu’on enseigne demande beaucoup de discernement et d’habileté de la part du médecin, aussi cette doctrine ne sera pas celle des hommes ordinaires : ils ne l’entendront pas. On dissipe aussi l’éréthisme par les fomentations, les pédiluves, les bains, les applications émollientes, constamment entretenues à la surface du tronc, et sur-tout à celle des extrémités inférieures ; les lavemens adoucissans, les boissons rafraîchissantes, acidulées, antiseptiques, les révulsifs, et même les irritans appliqués aux extrémités inférieures, afin de changer le mode d’irritation, et appeler vers ces parties la plus grande quantité possible de la matière varioleuse ; car, en lui faisant faire cette métastase avantageuse, on dégagera les viscères ; d’où la réintégration partielle ou même complette des forces vitales.

Il y a des cas où l’anéantissement est si précipité, où les cardialgies, les foiblesses et la disparition des pulsations du poids se montrent si promptement, qu’on n’a pas un moment à perdre pour recourir aux antiseptiques et aux cordiaux. On a vu des malades qui, le premier jour même de l’affection, avoient du délire, des foiblesses, des nausées, des intermittences, etc. Dans ces circonstances, on donne le quinquina et la serpentaire de Virginie en décoction acidulée, l’acide vitriolique, (sulfurique) ou un acide végétal, celui du vinaigre distillé, du citron, etc. On donne pour potion cordiale un vin généreux et vieux, auquel on mêle un sirop qui diminue l’impression vive qu’il fait sur les organes qu’il touche ; quelquefois un peu d’eau pour diminuer, quand on le juge convenable, la force de son action. On emploie aussi les confections hyacinthe, alkermès, la thériaque d’Andromaque, etc. dans une petite quantité de vin, afin de ranimer la chaleur éteinte ; parce qu’il est des malades dont la surface du corps se refroidit sensiblement, et dont les extrémités ont perdu presque toute leur chaleur naturelle. On fait des frictions pour aider la circulation languissante. Enfin, on évite les désordres des affections comateuses, par les vésicatoires qu’on appose sur le col, après avoir fait usage des ventouses scarifiées sur la même partie.

Pendant que les choses se passent ainsi, on voit quelques boutons s’élever sur la peau, avec une odeur nauséabonde ; alors, le caractère de la petite vérole maligne est indubitablement reconnu. Dans ce second tems de la maladie, qu’on nomme communément inflammatoire, le traitement antiphlogistique est sans doute indiqué, mais