Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont hors d’état de se resserrer, ayant perdu leur ton et leur irritabilité.

La malignité a ses degrés comme l’inflammation ; elle a aussi ses causes plus ou moins actives ; donc il est des cas dans lesquels on arrête sa marche. J’ai dit que les confluentes étoient plus disposées à la malignité que les discrètes : ces dernières n’en sont pas exemptes, ce qui arrive surtout quand la malignité agit par des causes externes ; je les ai indiquées. On regarde aussi comme maligne la petite vérole qui ne donne qu’une sérosité un peu purulente au lieu de véritable pus : cela est vrai en général ; car cette espèce est presque toujours accompagnée de la lésion des forces vitales. Cependant si on est parvenu à augmenter le volume des boutons, on peut obtenir la guérison : on verra que le même pronostic est applicable aux autres genres de malignité.

La complication des exanthèmes rouges, blancs, violets et noirâtres est un signe funeste. Le danger croit comme l’intensité de la couleur des taches exanthématiques. Les taches étendues à un grand espace, soit qu’elles naissent de l’approximation immédiate des exanthèmes, soit qu’elles se manifestent ainsi à leur apparition, annoncent une dissolution extrême. On en a la preuve dans le sang des hémorragies qui arrivent dans ces circonstances : ce fluide est sans consistance ; il se coagule peu ; sa couleur est pâle et noirâtre et quelquefois verdâtre. Il s’en exhale une vapeur de mauvaise odeur : il coule avec abondance ; on a donné plus haut les causes de cette abondance.

Une petite vérole peut devenir maligne par l’effet immédiat d’une forte passion de l’ame et plus particulièrement à la suite du chagrin, que par toute autre affection morale. On apperçoit dans ce cas les boutons s’affaisser, prendre une couleur mauvaise ; tandis que les forces vitales s’anéantissent.

$i la confluente acquiert dans quelques cas un caractère de malignité sans causes apparentes, c’est quand l’excès des boutons intérieurs dans toutes les membranes de la base du crâne répandent leurs émanations virulentes de manière à affecter assez sensiblement les nerfs de ces parties pour léser les fonctions du cerveau : mais on surmonte l’effet de cette virulence par le traitement antiseptique.

Une diarrhée modérée est salutaire dans la petite vérole bénigne, mais elle est très-redoutable dans la maligne ; car, dans cette dernière, elle ne se maintient jamais, ou presque jamais, dans de justes bornes ; la raison en est, que la matière qui la forme irrite trop violemment les intestins : elle excite donc des selles plus fréquentes ; première cause d’épuisement. Ensuite, elle enflamme les entrailles, et occasionne une dyssenterie gangreneuse, ou qui tend de sa nature à la gangrène, qu’il est très-difficile d’éviter.

Il est démontré que la malignité, quelle qu’en soit l’origine, est toujours accompagnée d’éréthisme. La circulation devient donc inégale ;