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riode de la petite vérole. Ces pustules blanchissent en mûrissant, prennent ensuite une teinte jaune, et se sèchent en formant une croûte. Quelques-unes se crèvent : ce sont sur-tout celles qui sont exposées aux frottemens. Si les boutons sont nombreux, la fièvre, qu’on nomme de suppuration, est véhémente : elle dépend d’une portion du pus résorbé et prend assez souvent, à cette époque, un caractère putride, quand on ne se hâte pas de procurer un écoulement artificiel à la matière purulente. Les vésicatoires remplissent cette indication, ainsi que les purgatifs : mais ces derniers doivent être pris dans la classe des simples minoratifs ; les drastiques occasionnent des dyssenteries funestes. Le retard à employer ces moyens, est cause de la formation d’abcès internes, de dépôts purulens, d’abcès fistuleux, de caries, etc. Quelquefois aussi, cette fièvre dégénère en hectique ; ce qui arrive sur-tout au moment de la dessiccation dont Morton fait un quatrième temps de la petite vérole. Sa division est d’autant mieux fondée que c’est plus ordinairement à cette époque qu’il survient des accidens ou graves ou mortels chez des sujets même qui ne paroissoient pas devoir y être exposés par le caractère antérieur de la maladie. On est souvent trompé dans le pronostic, à ce sujet, puisque des individus qui n’ont eu qu’une petite vérole bénigne, ne sont pas exempts de dépôts mortels, après la dessiccation, quoiqu’ils aient eu très-peu de boutons. On évitera de pareils malheurs en prévenant, par les moyens indiqués plus haut, les métastases purulentes.

Beaucoup de gens s’opposent à l’ouverture des boutons, au temps de leur maturité. C’est une erreur grossière : par cette méthode, on diminue sensiblement la masse du pus ; donc il s’en résorbe une moins grande quantité ; donc il y a moins de disposition aux métastases. On ouvre les boutons avec une lancette, ou l’on coupe avec des ciseaux très-fins leur sommet : on comprime mollement, avec un linge doux, pour faire sortir le pus qu’on entraîne par cette manœuvre. On ajoute que l’ouverture artificielle des boutons suppurés, occasionne des cicatrices plus profondes : on ne se souvient pas que le pus en séjournant plus long-temps dans le foyer d’un abcès (et un pus acrimonieux comme l’est ordinairement celui de la petite vérole), ronge plus profondément les solides. Mais les gens à préjugés ne raisonnent jamais : ils ne voient pas même ce qui se passe sous leurs yeux. On facilite la chute précoce des boutons, par des fomentations émollientes appliquées sur la face.

Il est bon de les employer de bonne heure, parce qu’on évite l’enfoncement des pustules dans le tissu de la peau, en attirant la matière varioleuse au dehors.

On termine la curation par des purgatifs répétés, pendant l’intervalle desquels on a fait prendre aux malades des boissons abondantes qui facilitent la transpiration. On ne sèche les plaies des vésicatoires que quelques semaines