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coutume introduite par des ignorans, a fait périr des varioleux et des inoculés.

On prétend posséder des médicament qui énervent et anéantissent le virus variolique : c’est une prétention folle. On nomme le mercure, le kermès et leurs préparations. Si on les donne comme évacuans, ils opèrent comme il a été dit ci-dessus, en excitant la crise par les selles ; ce qui est tout différent que de neutraliser le virus.

La seconde période de la maladie commence à l’apparition des boutons. En partant de leur nombre, on a distingué la petite vérole en bénigne et confluente, ou discrète et maligne. Un auteur plus judicieux rejette toutes ces expressions confluences, cohérentes, discrètes, etc. ; il n’en reconnoît avec raison que deux espèces : la bénigne et la maligne. On dira quelque chose, en particulier, de cette dernière espèce. Quoiqu’il en soit, les symptômes de la première période perdent leur intensité à l’apparition des boutons. Le contraire arrive si l’éruption est retardée, interrompue, suspendue ou arrêtée. De quelque cause que naisse cet événement, la matière varioleuse repasse souvent à l’intérieur, occasionne des inflammations locales, engorge les viscères, les détruit et fait mourir les malades.

Les boutons croissent, chaque jour en volume, pendant que d’autres s’élèvent dans leurs intervalles. Cette succession ne se prolonge pas ordinairement au delà de deux à trois jours, dans la petite vérole bénigne. Les premiers boutons parviennent le plus promptement au volume qu’ils doivent acquérir. Dans ce tems, l’inflammation qui s’est emparée des boutons s’étend à leurs environs : en sorte que, si leur nombre est considérable, la peau est tendue, rouge, brûlante et douloureuse. La fièvre correspond par son intensité à la gravité de l’inflammation ; car la chaleur fébrile a été renouvelée en proportion de la quantité des petites tumeurs inflammatoires. Si les boutons sont très-peu nombreux, les accidens phlogistiques n’ont pas lieu.

Le siège des boutons, indépendamment de leur nombre absolu, contribue aussi à aggraver les symptômes : en sorte que, si la face en est recouverte, la maladie est plus fâcheuse que s’ils étoient uniformément répandus à toute la surface du corps, en supposant que leur proportion soit moindre dans le reste du tronc et les extrémités. La raison de cette différence vient de ce que l’inflammation des tégumens de la tête est plus dangereuse que celle de la peau des autres parties ; ce qui s’explique par le nombre des nerfs agacés, la circulation ralentie, embarrassée ou gênée dans le cerveau, etc. Ceci explique encore pourquoi les inflammations varioleuses internes, sont en général si redoutables. Le danger s’accroît, si le délire est la suite de cette inflammation : en général il est mortel dans cette période, par la raison qu’il est le signe de l’inflammation des méninges ou du cerveau.

De ce qui précède, il résulte qu’on