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blonneux, on sème, en général, trop tard en France le blé d’hiver. Les champs où l’argille domine, et ceux dont la terre végétative repose sur un tuf voisin de la superficie, exigent des semailles hâtives. Il faut que les plantes aient acquis assez de force avant la saison des pluies, pour résister au séjour de l’eau sur ces mêmes terres, qui en fait pourrir la plus grande partie ; il faut que leurs racines aient eu le temps, non seulement de se développer, mais de s’enfoncer, de s’étendre, et d’adhérer fortement aux particules de terre qui doivent les abriter et contenir leur nourriture ; autrement, le dégel affaisse ou fait couler la terre ; il déchausse le collet de la plante, et laisse ses racines à nu, d’où résultent tant de pieds rachitiques et de grains qui n’ont que l’écorce.

Le seul moyen que nous connoissions de garantir les champs à blé de cette sorte d’insectes, c’est de faire précéder l’ensemencement en blé par une récolte de pois ou gris, ou verds, ou blancs, peu importe la variété. Nous ne chercherons point à développer la cause de cet effet, parce qu’elle nous est inconnue : peut-être ne faut-il que de plus longues observations pour la découvrir ; mais nous savons, par notre propre expérience, que l’effet existe ; c’est-à-dire, que les vers, nuisibles à la semence du blé, désertent le terrain qui a produit des pois. On ne doit pas craindre que la première de ces récoltes nuise à la seconde ; cet inconvénient n’auroit lieu que dans le cas où on auroit négligé de labourer avant l’hiver, de fumer abondamment et bien labourer en mars. L’herbe ne croît point à l’ombre des pois, et leurs racines ameublissent la terre. La proposition contraire ne peut être soutenue que par les obstinés partisans des jachères, dont, heureusement pour la prospérité de notre patrie, le nombre diminue chaque jour dans une proportion vraiment satisfaisante.


VERMOULURE. Le bois vermoulu est piqué par de fausses chenilles ou par des vers, dont les espèces sont aussi multipliées que peu connues. Vermoulure signifie la trace qu’ils font dans le bois, ou la poussière qu’ils en détachent et qu’ils laissent après eux. Réaumur et Duhamel en ont observé qui sont du volume des plus grosses chenilles. Ils se pratiquent une entrée à travers l’écorce et la partie ligneuse des arbres même les plus durs, tels que le chêne, le pommier, le poirier, et n’en sortent qu’au moment où la nature leur commande de se métamorphoser, soit en phalènes, soit en mouches. On rencontre des arbres tellement criblés par ces insectes, qu’un fort coup de vent suffit pour les rompre. Lorsqu’on apperçoit de petits trous, dit Duhamel, à l’écorce des arbres, il faut faire la recherche de l’insecte avec une aiguille à tricoter ; et quand on remarque que les vers ou fausses chenilles se sont multipliés au point d’y faire plusieurs loges ou galeries, il est nécessaire de leur faire la guerre avec la pointe de la serpette, observant