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faire prendre graisse plus promptement. On prévient au reste les inconvéniens de la pléthore en ne laissant les animaux au verd que le tems convenable.

CHAPITRE VIII.

Du tems pendant lequel les animaux doivent rester au Verd.

Il est bien difficile de donner, à cet égard des règles générales ; la seule d’après laquelle on doive se guider, c’est de retirer les chevaux du verd aussi-tôt qu’il a produit sur eux l’effet qu’on en attendoit ; or cet effet se produit bien plus promptement chez certains individus que chez d’autres. Il en est qu’il suffit de laisser au verd pendant quinze jours, d’autres ont besoin d’y être pendant un mois, d’autres deux, quelques-uns jusqu’à trois : cela dépend de l’âge, de la constitution, et sur-tout de l’état de l’animal, lorsqu’on le met à ce régime. Il est des chevaux sur lesquels le verd ne paroît produire aucun ou presqu’aucun effet pendant le premier mois, et qui le second en retirent les plus grands avantages.

Quelques personnes laissent leurs chevaux au verd tant qu’elles s’aperçoivent qu’il leur fait du bien. Cette méthode très-bonne au premier aspect, peut n’être pas sans inconvénient relativement à des animaux destinés à être soumis à un autre régime, dont il serait dangereux de les désaccoutumer entièrement. D’autres retirent leurs animaux du verd lorsqu’il commence à durcir, ou bien ils leur procurent une herbe plus tendre, ce qui produit sur eux une nouvelle révolution qui est nuisible dès qu’elle n’est pas nécessaire : c’est entendre bien mal les intérêts des animaux : il me paroît au contraire de la plus grande importance de leur donner toujours la même herbe : leur estomac s’habitue graduellement à une nourriture plus substancielle et moins digestive ; et l’herbe, à l’époque de sa maturité est peut être le lien le plus favorable entre le régime verd et le régime sec, dont la succession exige des ménagemens absolument inconnus, ou du moins généralement méconnus.

CHAPITRE IX.

Des précautions qu’exige le passage du régime Verd au régime Sec et du repos au travail.

La nature réprouve les sauts, les transitions trop brusques : cet axiome qui est dans toutes les bouches, ne se retrouve presque jamais dans la pratique. Lorsqu’un cheval sort du verd on le remet tout d’un coup à son ancien régime et on le soumet au même exercice que s’il n’avoit pas été interrompu. Que résulte-t-il de cette conduite ? que bien souvent l’animal retombe dans le même état où il était avant d’être mis au verd : alors il est décidé par les écuyers, cavaliers, postillons, cochers, et charretiers, que le cheval n’est qu’une rosse, qu’il n’est bon que pour l’écarisseur, tandis qu’avec quelques attentions ou eût souvent trouvé dans