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prompte organisation, puisque c’est la régénération des bois qui rendra aux coteaux leur fertilité, aux vallées leur fraîcheur, aux campagnes leur fécondité, aux usines leurs ruisseaux, au commerce ses canaux et ses rivières qui cessent d’être navigables.

Et dubitant homines serere atque impendere çuram.

Virg. Géorg.

Mais les instans pressent : il faut le laps d’un siècle pour régénérer ce qu’un jour détruit ; car combien le temps n’est-il pas lent à reproduire ce que la hache est si prompte à abattre !

La guerre, la famine, la peste sont de moindres fléaux que ne l’est cette dégradation lente des bois et ce tarissement successif des eaux ; car les plus grandes crises ne sont pas les plus désastreuses. Tous ces fléaux dévastateurs sont momentanés : le temps les répare ; mais ici le temps mine. Oui, la France disparaîtra[1] ainsi qu’ont disparu tant de Républiques et d’Empires florissans, si elle n’est pas replantée comme l’Asie mineure le fut par Cyrus-le-Grand[2].



FIN du Cours D’agriculture

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De l’Imprimerie de Marchant, et Compagnie, rue du Pont-de-Lody, Maison des Grands-Augustins.
  1. La caducité des natures arrive avec l’épuisement et le dessèchement de la terre. Bexon.
  2. Celui qui est ainsi devenu le réparateur de la nature dégradée, mérite le nom de grand, que la postérité lui a donné.

    L’empire de la Chine nourriroit-il plus de 300 millions d’hommes, sans cette abondance des bois et des eaux qui y entretiennent la fécondité ? mais en Chine on plante plus qu’on n’abat. On doit attendre d’un gouvernement républicain cette sorte de régénération dont des despotes nous offrent des exemples imposans. D’ailleurs, les individus ne replanteront pas ; il n’y a que les gouvernemens qui puissent et doivent régénérer les forêts, parce qu’ils sont impérissables, et que le bonheur des races futures devient pour eux une substitution sacrée.