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recommandables surtout par la vitesse de leur course. Tavernier dit qu’ils voyagent pendant soixante jours à douze ou quinze lieues par jour, et qu’ils vont toujours au trot. Ils servent au labourage et au trait ; ils portent les hommes et des fardeaux sur le dos. On les attèle aux carrosses dans quelques villes de l’Inde ; et on les fait galopper comme les chevaux. Enfin la chair, la peau etc. en sont excellentes.

Un animal qui réunit à toutes les bonnes qualités de notre bœuf d’Europe, la majeure partie de celles du cheval, est bien digne certainement qu’on s’occupe de le transporter en Europe pour l’y naturaliser. Cette naturalisation paroît d’autant plus facile, qu’il existe en Amérique sous un climat analogue à celui de la France, une espèce de Bison qui diffère très-peu du précédent, et dont nous allons parler.

XVII. Le Bison, qui habite l’Amérique septentrionale, n’a pas encore été appelé à la domesticité. Quoique le poil épais et long de deux pouces, qui recouvre son corps, puisse être facilement filé, la peau de cet animal étant bien préparée, donne une fourrure extrêmement chaude ; mais elle est trop lourde pour servir de vêtement. On s’en sert dans le Canada et dans le nord de l’Amérique, lorsqu’on voyage en hiver sur des traîneaux. Si cet animal étoit naturalisé en France, ses peaux, qui se vendroient trois fois plus cher que la peau d’un bœuf de même taille, pourroient devenir un objet important de commerce avec la Russie, et avec d’autres pays du nord. Sa chair est excellente ; et la bosse que l’animal porte entre les deux épaules, est regardée comme un morceau friand. Son poil est plus doux que la laine ; il est frisé, et de couleur brune ou noire.

XVIII. Le Taureau musqué de la baie d’Hudson, qui n’a jamais été naturalisé, promet de grands avantages. Il n’est guère plus haut que les moutons de grande race. Il a le corps entièrement couvert de poils longs et serrés, à la racine desquels naît une lainé épaisse, douce, soyeuse, et d’une grande finesse. Ses poils touchent presqu’à terre. La fourrure de cet animal peut être employée à différens usages, sur-tout dans les pays froids. Si l’on trouvoit un moyen facile de séparer la laine du poil, ainsi qu’on le fait au Tibet, avec la toison des chèvres, on pourroit employer cette substance à la fabrication de différentes étoffes précieuses. On en a fait des bas qui, dit-on, avoient autant d’éclat et le même degré de finesse que ceux fabriqués avec la soie. La chair de cet animal n’est bonne que dans certaines Saisons de l’année : elle contracte dans d’autres une odeur de musc qui la rend désagréable. Si on lui coupoit les testicules immédiatement après l’avoir tué, ainsi que les chasseurs le font au sanglier, il est probable que sa chair ne seroit point imprégnée de ce mauvais goût. Il se perdroit vraisemblablement aussi dans l’état de domesticité.