1°. Il faut, avant tout, s’informer dans les pays étrangers, quels sont les animaux domestiques du pays, et ceux qui vivent dans les campagnes, livrés à leur propre instinct.
2°. Si l’on découvre un animal sauvage qui paroisse offrir quelques avantages, il faudra, si c’est un quadrupède, s’en procurer les petits peu de jours après leur naissance, et les faire allaiter par un animal domestique, le plus analogue à cette espèce. Les petits qui n’auront pas connu leur mère, s’accoutumeront avec celle qui lui sera substituée ; et celle-ci étant familière avec l’homme, ses nourrissons perdront par l’exemple le caractère sauvage qu’ils semblent tenir de la nature. L’imitation a sur les animaux, ainsi que sur l’homme, une influence plus grande qu’on ne l’imagine communément.
Si c’est un oiseau qu’on veut amener à la domesticité, on fera couver les œufs par l’espèce la plus analogue.
3°. On placera ces animaux dans des bâtimens commodes et aérés, ou, ce qui est préférable, sous des hangars. Il seroit avantageux d’avoir, vis-à-vis de leur demeure, une cour plantée de quelques arbres, pour leur servir de promenade ou d’abri. Ce local ne doit être ni trop spacieux, ni trop couvert, pour qu’ils ne puissent pas se dérober à la vue des hommes. Ce terrein sera enclos et fermé, afin d’en interdire l’accès aux animaux et aux personnes qui pourroient les troubler ou les épouvanter. Il seroit bon que la porte ou les fenêtres d’un appartement habité donnassent sur la cour et les hangars. Il est peu de moyens aussi puissans pour apprivoiser un animal, que la vue habituelle de l’homme.
4°. Il faut, autant qu’on le peut, donner à ces animaux la nourriture qu’ils ont coutume de prendre lorsqu’ils jouissent de leur liberté : il seroit même très-à-propos de faire ramasser les graines des plantes, qu’ils choisissent de préférence, et de les cultiver pour leur servir de fourage. On les conduira graduellement à une autre nourriture. S’ils refusent toute espèce d’alimens, on fera manger devant eux d’autres animaux. On a l’exemple d’animaux mourans de faim, dédaignant les alimens qu’on leur présentoit, et qu’ils voyoient manger par d’autres animaux. Ils refusoient de les prendre, parce qu’ils n’en avoient jamais goûté. Si on leur présentoit des alimens qui leur fussent connus, ils les mangeoient, et passoient insensiblement à ceux qu’ils avoient d’abord refusés.
5°. On doit sur toute chose traiter avec douceur les animaux que l’on veut amener à l’état de domesticité. Un coup qui leur sera donné, un cri et même un geste qui les épouvante peut rendre inutiles tous les soins qu’on se donnera, et faire manquer sans ressource l’entreprise.
Il faut les loger avec des animaux d’un naturel doux, qui ne les troublent point, et qui soient très-familiers avec l’homme. Ainsi