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SUPPLÉMENT

AU COURS COMPLET D’AGRICULTURE.


ANIMAUX à naturaliser en France.

Nous allons nous occuper des animaux qui n’ont pas encore été amenés à l’état de domesticité, ou de ceux qui, vivant dans cet état ailleurs, méritent d’être naturalisés parmi nous.

Nous tracerons la marche que les hommes ont suivie dans la naturalisation des animaux, celle qui nous reste à suivre, les moyens que nous croyons propres à faciliter cette entreprise ; enfin nous donnerons une instruction pour aider dans le choix des animaux.

Les premiers hommes trouvaient leur nourriture dans les fruits spontanées de la terre, ou parmi les animaux qui peuplent les forêts ou habitent les eaux. Le manque de fruits dans de certaines circonstances, les travaux toujours pénibles et quelquefois insuffisans de la chasse et de la pêche, portèrent insensiblement l’homme à la culture de la terre. Alors il chercha parmi les animaux ceux qui avoient assez de force et de docilité pour faciliter et accélérer ses travaux, ou qui lui offiroient des ressources pour se nourrir et se vêtir, C’est ainsi qu’il a dompté par succession de tems les animaux qui lui sont le plus utiles.

Le choix n’a pas toujours été dirigé sur les espèces dont on devoit attendre les plus grands avantages ; on s’est décidé souvent ou d’après des besoins pressans, ou d’après des circonstances locales.

Une peuplade qui voudroit se livrer aux travaux de l’agriculture, et qui ne connoitroit aucun des animaux domestiques recevroit avec joie les plus mauvaises races d’ânes ou de moutons que nous ayons en Europe, et rien ne les conduiroit à penser qu’il existe des animaux plus propres à aider l’homme dans ses travaux, à lui fournir de meilleurs alimens, des vêtemens plus appropriés à ses besoins ou à ses goûts. Ce n’est qu’autant que les sociétés s’agrandissent et se perfectionnent, et que les lumières et les besoins se multiplient par les relations commerciales, que l’homme est animé par le désir, et soutenu par le pouvoir d’améliorer son sort en augmentant ses jouissances.

Les Grecs et les Romains avant qu’ils sortissent de l’état de barbarie, cultivoient un petit nombre de plantes : ils élevoient peu d’animaux. Mais leur prospérité commençant à s’accroître, ils voulurent l’augmenter de plus en plus en s’appropriant les plantes et les ani-