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plus de la main droite que de la main gauche, parce que la première plus exercée que la seconde, donne aux muscles du bras droit plus d’extension ; aussi un forgeron a-t-il beaucoup plus de force dans les mains qu’un perruquier. On peut croire que cette différence est près de moitié. En général, un homme dont les muscles sont bien prononcés, est plus fort que celui qui a des membres charnus comme ceux des femmes. Ce n’est pas qu’il n’y ait des femmes très-fortes ; mais leur force moyenne peut être équivalente à celle d’un jeune homme de quinze à seize ans ; c’est-à-dire à-peu-près aux deux tiers de la force des hommes ordinaires.

Il ne faut pas juger de la force des hommes par celle de leur poignet ; car on en a vu presser le ressort du dynamomètre en valeur de 70 kilogrammes (143 liv.) et ne pas pouvoir soulever un pareil poids, tandis qu’on soulève ordinairement une masse d’un poids double de celui indiqué par la pression des mains.

Pour essayer la force de reins, on place sous les pieds l’empattement de la crémaillère O ; on passe à l’un des crans de cette crémaillère un des coudes du ressort ; l’autre coude s’adapte au crochet que l’on tient dans les mains. Dans cette position on est d’à-plomb sur soi-même ; seulement les épaules sont un peu inclinées en avant, pour pouvoir, en se redressant, tirer le ressort avec toute la force dont on est capable. Dans cette situation, représentée par la fig. 3. on peut soulever un grand poids ; sans être exposé aux accidens qu’un effort pourroit occasionner si on prenoit une position gênée ; mais dans celle-ci tous les muscles peuvent agir, sans inconvénient, avec la plus grande extension. On a vu des hommes vigoureux agir sur le dynamomètre en valeur de 37 myriagrammes ou 755 liv. ; mais le terme moyen du maximum de la force des hommes ordinaires se réduit à la valeur de 13 myriagrammes ou 265 liv. Les hommes diffèrent bien plus en force qu’en taille, puisqu’on voit des porte faix porter jusqu’à dix quintaux, tandis qu’il est d’autres hommes en état de santé et du même âge, qui ont de la peine à porter un cent à la même distance et avec la même vitesse.

Comme c’est sur-tout 1°. pour connoître la force des chevaux et celle des autres bêtes de trait ; 2°. pour être à portée d’établir une juste proportion entre leur force et le poids sur lequel elle doit agir, sans qu’il y ait surcharge et afin cependant que la charge soit complette, les circonstances du chemin à parcourir prises en considération ; 3°. pour obtenir enfin des notions positives sur les différens degrés de mobilité des différentes voitures, que le dynamomètre nous semble un meuble si utile dans les établissemens ruraux, nous terminerons cet article par le rapport d’une suite d’expériences authentiques qui constatent la différence de mobilité qui existe entre les voitures à roues basses et à roues élevées, à roues grais-