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vanter l’usage du maïs comme fourrage en verd, il plaît également aux bêtes à cornes, aux chevaux, aux ânes et aux mulets ; il faut dire pourtant qu’il est plus économique pour les chevaux, en ce qu’ils mangent presque toute la tige quand elle est verte, tandis que les bêtes à cornes ne prennent que les sommités des feuilles et des tiges.

Le célèbre Young auquel j’accorde beaucoup de connoissances pour l’économie rurale, mais que je suis bien loin de regarder comme un oracle, dans un prétendu voyage agronomique en France, a tracé des lignes pour la culture du maïs : je suis bien convaincu que ses zones ne sont pas plus exactes, que les raisons qu’il donne pour les justifier, ne sont solides ; car en général, on ne peut nier que le maïs ne puisse prospérer, par-tout où la vigne croît avec succès, et donne un vin même commun.

La distribution du maïs tient plus à l’impulsion qui lui fut donnée dans le tems de son introduction, qu’au climat qu’on désigne lui convenir exclusivement ; quoiqu’il en soit, comme ce n’est pas le lieu de discuter ce point, on ne disconviendra pas du moins que, par-tout, le maïs peut croître et prospérer comme fourrage ; pourquoi donc est-il si rare ? étant si excellent sous ce rapport, que je serois presque tenté de préférer ses produits en fourrages à ceux qu’il donne en grains.

Les feuilles aussi sont admises comme fourrage verd pour nourrir les bestiaux ; mais c’est une modique ressource qui ne peut servir et être employée que momentanément.

Beaucoup d’écrivains agronomes, quand ils sont à décrire et généraliser les ressources économiques pour élever et nourrir en verd les bestiaux, ne manquent pas de faire une longue et même une scientifique énumération des feuilles qui peuvent être employées ; ils fondent leur opinion sur l’usage de quelques contrées du midi, où le défaut de prés force le cultivateur de recourir à la feuillée ; mais où ont-ils donc vu nourrir exclusivement des bestiaux avec des feuilles ? Qu’ils lisent donc, pour se désabuser, l’ouvrage du C. Chabert, sur les effets des feuilles de chêne, les plus éminemment styptiques ? Et cependant celles-ci sont toujours comprises au nombre des meilleures à donner.

Les plantes pivotantes, celles légumineuses aussi peuvent être très-utilement employées pour mettre au verd les bestiaux, surtout les bêtes à cornes ; les navets et la turneps produisent un effet merveilleux sur les bêtes fatiguées et exténuées ; c’est un trésor que les Anglais savent bien apprécier et que nous négligeons.

On a beaucoup parlé de la pomme de terre aussi pour nourrir et engraisser les bestiaux : j’ai si souvent tenté cette expérience pour des vaches, des bœufs et des cochons, que je ne peux qu’attester le contraire ; mais, en même-temps, je dois dire qu’elle produit de tels effets, si on a le soin de la faire cuire, d’y ajouter un peu de son et sur-tout du sel. Par la cuisson,