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de vigueur, si les circonstances l’exigeoient, mais qui sont privés de toute activité, et refusent ainsi de partager le fardeau commun : d’autres, en mëme-tems remplis de feu, tirent plus que les autres, et se ruinent ainsi. Le voiturier doit donc veiller à ce que chaque cheval tire une charge égale. Mais ce qui exige une attention continuelle, ne peut être rempli qu’imparfaitement : beaucoup de conducteurs sont négligens, et dès-lors l’attelage souffre. La charrette pare à tous les inconvéniens pour peu que l’on mette d’attention dans la répartition, chaque charge se trouvera égale et proportionnée à la force du cheval, qui agissant seul, sera contraint de la traîner.

8°. La hauteur des roues des charrettes ajoute à la force des chevaux, avantage que ne présenteront jamais les charriots, qui, pour faciliter à tourner, ont toujours les roues de devant plus basses que celles de derrière. Le cheval de devant est le seul de tout l’attelage qui soit placé au centre du charriot, à moins qu’on n’ait de fausses chaînes pour atteler les autres, le seul moyen de prévenir cet inconvénient, mais qui ne détruira pas encore celui qu’apportent les roues basses. Il n’est pas étonnant que des chevaux traînant une voiture montée sur des roues de cinq pieds de diamètre aient plus de force que ceux qui tirent celles qui n’ont que quatre pieds de hauteur.

9°. il est facile de voir, et cette remarque a été faite souvent, qu’une voiture dont la construction est solide, comporte moins d’étendue, est plus facile à conduire que celle construite d’après les principes opposés : il n’y a, à cet égard aucune comparaison à établir entre le charriol et la charrette à un cheval.

10°. Quant à la pesanteur du charriot et de la charrette calculée relativement à la charge, l’avantage est beaucoup en faveur de la dernière. Un charriot à roues basses qui porte vingt-cinq coombs de blé (environ 280 boisseaux), pèse vingt-cinq quintaux, ou un quintal par coomb ; une charrette qui porte neuf coombs (environ 102 boisseaux), ne pèse que cinq quintaux, ou un peu plus d’un demi-quintal par coomb.

11°. Il est facile de concevoir que les charrettes contribueroient à la conservation des routes si leur usage devenoit général. Tous les rapports faits à la chambre des communes, tous les mémoires publiés à ce sujet, sont d’accord sur ce point : ils sont tous d’avis qu’il sera toujours impossible de tenir les chemins en bon état, tant qu’il sera permis aux rouliers de traîner sur leurs charriots des charges aussi énormes. Le parlement convaincu de cette vérité, rendit plusieurs lois qui prescrivoient de diminuer les charges et de donner plus de largeur aux jantes. Mais l’expérience a démontré que ces deux moyens étoient insuffisans ; il n’en est qu’un seul de certain pour atteindre à ce but désirable : il consiste à prohiber les attelages nombreux. Qu’il soit permis à chacun, en payant un