Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/513

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur les avantages qu’on vient de développer, trouveront les charrettes défectueuses pour le transport des pailles et des foins, dans le tems de la récolte ; mais Young ne sait trop sur quoi ils se fondent. Lorsqu’on a fixé les ridelles, elles forment un carré de huit pieds quatre pouces de long, sur cinq pieds neuf pouces de large. Or, un charriot du Suffolk, également avec ses ridelles, ne comporte que quinze pieds de long, sur cinq de large, ou soixante-quinze pieds carrés, ce qui fait, d’après le nombre qu’on emploie ordinairement, vingt-cinq pieds carrés pour chaque cheval. Supposé même qu’on ne se serve que de deux chevaux, il n’y auroit encore, pour chacun d’eux, que trente-sept pieds et demi carrés, au lieu de quarante-sept, ce qui, dans tous les cas, présente une plus grande superficie de disponible. Maintenant, qu’un homme s’occupe à la conduite d’une charrette, ou deux à celle de deux charettes, il est facile de voir qu’ils feront autant d’ouvrage que s’ils avoient des charriots ; puisqu’un ouvrier, quelle que soit la grandeur de la voiture qu’il mène, ne peut pas faire plus que travailler continuellement. La célérité est le point essentiel ; et on l’obtiendra, puisqu’on emploiera une voiture plus petite et une charge moins considérable ; et n’est-il pas certain qu’une charrette légère vous permettra de faire plus de voyages qu’un charriot pesant et embarrassant ?…

Il se présente encore ici de nouveaux avantages, qui méritent d’être observés sous deux rapports. On fixe la charge de la charrette avec une corde : cette opération ne demande qu’un instant, et ne prend pas la cinquième partie du tems qu’il faudroit pour la faire à un charriot. Arrivé au lieu où l’on construit la meule, le foin ou la paille se déchargent de la même manière que si c’étoit de la terre ou du fumier. Un ouvrier ôte la clavette à laquelle la corde est astreinte, et il dirige la charge dans sa chute sur la meule. C’est de cette manière que l’on forme toutes les meules en Irlande : mais on ne gagne pas absolument par cette méthode, qui ne peut être employée qu’autant que les meules ne sont pas parvenues à une certaine hauteur. On voit que par là un homme actif, qui soigne les intérêts de son maître, peut conduire tout le travail, qui ne restera pas interrompu un seul moment, s’il tient tout son monde à l’ouvrage.

Voici encore un fait aussi convainquant, dit M. Young, qu’un fait puisse l’être. Chaque année, il convient d’un prix fixe pour faire sa récolte, à tant par arpent, au moyen de quoi on se charge de moissonner, lier, charger et conduire les gerbes. Il n’a personne pour aider à décharger la voiture lors de son arrivée à la ferme, son principe étant de ne pas entretenir de domestiques pour ces sortes de travaux. Si cependant les ouvriers avoient trouvé du désavantage à se servir de la charrette, ils n’auroient pas manqué de s’en plaindre à chaque récolte, et d’exiger des indemnités. La première