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dent de poids qui formeroit surcharge. Il faut convenir que les ouvriers en charronnage se trompent rarement en moins dans l’épaisseur ou dans la circonférence qu’ils laissent au bois dans la construction des voitures. Nous avons même observé, dans les provinces du sud-ouest de la France, qu’ils commettent beaucoup d’erreurs dans le sens opposé. De combien de myriagrarnmes les charrettes de ces pays pourroient être déchargées, sans nuire à leur solidité ! Elles sont massives et grossièrement faites ; on laisse les timons et les limons équarris, quand, de la suppression de l’équarrissage, il résulteroit allégement dans le poids de la voilure, et facilité d’écoulement à l’eau, dans les tems humides. 2°. Le nombre des roues, leur hauteur et le diamètre des jantes influent aussi beaucoup sur le roulage. On verra, par les expériences rapportées à la fin de cet article, que sur un plan horizontal, quatre roues ne facilitent pas plus le tirage que deux ; que s’il en résulte quelqu’avantage pour descendre une côte, parce que la charge portant sur plus de surface, il en résulte plus de facilité au limonier ou aux timoniers, pour en soutenir le poids ; mais, par cela même, cet avantage disparaît quand il s’agit de monter sur un plan incliné ; parce que les obstacles se multiplient en raison de l’étendue de la surface à vaincre. D’ailleurs, deux essieux ou quatre roues produiroient de très-grands embarras dans la plupart de nos chemins vicinaux, presque toujours étroits, tortueux et coupés par des embranchemens, dans lesquels les voitures, même à deux roues, ne tournent qu’avec peine. Les chariots ne conviennent que pour le roulage proprement dit, que sur les grandes routes ou dans les chemins droits et soigneusement entretenus.

Il n’est pas douteux que les roues hautes ne favorisent beaucoup la puissance qui tire ; mais cette hauteur est relative ; car il paroit qu’elle doit être proportionnée à la taille des bêtes de trait. Aussi, pensons-nous qu’on doit se déterminer à cet égard d’après le principe suivant. Où se trouve, dans une voiture, le centre de la force d’inertie ? À l’essieu. Où est placé le centre de la puissance qui agit ? Sur le poitrail du cheval ou sur le front du bœuf. Ainsi, en plaçant l’essieu à la hauteur du poitrail de l’un ou du front de l’autre, pouvant tirer une ligne horisontale, qui aboutisse à ces deux points, on aura une correspondance parfaite entre la puissance qui tire et la force qui résiste. Nous avons constamment observé que les bœufs, avant d’être attelés ou de tirer, ont le haut de la tête presque de niveau avec le haut des épaules ; mais pour mettre la force d’inertie en mouvement, pour charroyer, ils baissent la tête jusqu’à ce que leur front soit au niveau de l’essieu ; ainsi, plus les roues sont basses, plus l’essieu avoisine la terre, et plus ils sont obligés de baisser la tête ; quelquefois même, c’est au point qu’en montant un plan incliné, leur bouche effleure, pour ainsi-