Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/506

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’orme est le meilleur de tous les bois pour faire les moyeux et les jantes des roues, le chêne pour les rayons et les épars ou les traverses, le frêne pour les limons et les brancards, et le cormier pour l’essieu, quand on croit pouvoir se dispenser de l’avoir en fer. On fait aussi de très-bonnes jantes avec de l’érable ; 2o. dans la juste proportion de toutes les pièces, dans la précision des assemblages, dans l’exemption de toute espèce de nœuds. Quand l’ouvrier rend son ouvrage examinez-en attentivement toutes les parties. Si vous y remarquez des fentes, des disjointures, des nœuds, des irrégularités dans les distances qui séparent les rayons de roues, ne l’acceptez pas ; les cavités de quelque espèce qu’elles soient, sont autant de réservoirs où l’eau séjourne et travaille incessamment à la destruction du bois. Quant aux nœuds, le charron ne manquera pas de vous observer qu’ils sont une qualité dans les moyeux, parce qu’ils les rendent plus durs et plus propres à résister au frottement continuel de l’essieu. Cette raison est bonne quelquefois, mais le plus souvent elle n’est que spécieuse. Sur cent moyeux formés de bois très noueux, les quatre cinquièmes ne valent rien, parce qu’il est rare que plusieurs nœuds existent, sans que quelques uns ne recèlent des principes où même un commencement de dissolution. 3o. Enfin, dans la pureté, la douceur, la ductilité du fer employé à former l’essieu de la voiture ou les bandages des roues. Il n’est guère qu’une manière de s’assurer de la bonté du fer, c’est de connoître la forge où le maréchal s’approvisionne ; comme la bonté de ce métal dépend presque autant de la qualité de la mine, que du travail des ouvriers, les forges pourvues de bonnes marchandises sont connues. La réputation de celle où l’on fabrique le fer de votre maréchal est-elle équivoque ? ne balancez pas à lui retirer votre pratique. Vous paierez peut-être un peu plus cher à un autre ; mais vous en serez bientôt dédommagé. Un essieu qui se brise sous une charge en mouvement, peut entraîner une perte immense, parce qu’il est rare que les bêtes de trait n’éprouvent quelque atteinte funeste d’un choc aussi violent. N’adoptez pas les bandages d’une seule pièce ; cette forme expose à trop d’inconvéniens ; si la bande se casse sur un point, il faut plus de temps et de travail pour la réparer que pour la placer à neuf ; au contraire, le bandage étant divisé en six, si la brisure a lieu sur l’une des parties, le travail, pour la réparer, est trois ou quatre fois moindre. Exigez que chaque partie du bandage soit coupée à fausse équerre ; la surface des jantes en est mieux garantie de toute espèce de frottement.

II. Une voiture est mue d’autant plus facilement, que les différentes pièces dont elle est composée sont entre elles dans une proportion exacte, et que le bois dont elles sont formées, a la force et la grosseur suffisantes pour soutenir la charge, sans qu’il reste un excé-