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à deux, les limons ne dépassent pas la charge, mais il part du milieu de l’espace qui les sépare, une pièce appelée timon ou aiguille, laquelle étant assujettie dans une traverse, se prolonge de deux mètres au moins entre deux bêtes de trait et sert à les attacher. Ce point de l’attache est le principal point de la résistance. Toutes les pièces qui concourent à former l’ensemble du chariot ou de la charette sont assujetties et fixées les unes aux autres de manière à ne pouvoir recevoir aucune direction particulière : le mouvement que l’on voudroit imprimer à l’une se communique à toutes les autres et dans le même sens. Il n’en est pas de même du tombereau ; celui-ci est composé de deux parties très distinctes et susceptibles d’être mues en sens différent ; 1°. la voiture proprement dite qui est une grosse caisse sans couvercle, faite de planches enfermées dans des gisans. En tirant du devant une traverse à coulisse, par laquelle elle est assujettie, toute la charge fait la bascule en arrière ; 2°. le brancard qui ne tient à la voiture que par deux boulons, autour desquels se meuvent librement, mais de bas en haut seulement, les deux pièces qui forment le brancard, de manière que quand le tombereau fait la bascule, le cheval et le brancard dans lequel il est attelé n’éprouvent ni secousse ni déplacement.

La limonière ou le brancard du baquet diffère peu de celui du tombereau ; mais le haquet étant spécialement destiné à transporter des fûts qu’on place sur sa charge longitudinalement, c’est-à-dire, fond contre fond, est à proportion plus long et moins large que les autres voitures. Outre qu’il est susceptible de faire la bascule comme le tombereau, il est pourvu d’un moulinet placé entre le brancard et la charge, par le moyen duquel un seul homme peut avec un câble charger et décharger les plus lourds fardeaux. Il est fâcheux que cette espèce de voiture très-commode, très-ingénieuse, et dont l’invention est due à l’un des plus beaux génies qu’ait produit la France, Pascal, ne soit guère connu que dans nos grandes villes commerçantes. Combien de services elle rendroit dans les campagnes, et sur-tout dans les pays à vin et à cidre ? Les chars, chariots et charrettes servent au transport de toutes les espèces de grains en gerbes ou en sacs, à celui des pailles, des fourages, des bois et des fumiers à demi-consommés. Les tombereaux conviennent davantage pour transporter les racines, les tubercules, les fruits à cidre, la terre, le sable, la marne, la chaux, les gravois et les engrais les plus précieux, tels que la colombine et la poulnée.

Nous avons dit que la solidité et la facilité à être mues étoient les qualités essentielles des voitures.

I. La solidité dépend 1°. de la bonté du bois qu’on emploie à leur construction, de sa parfaite siccité et de l’application de certaines espèces de bois à la confection de certaines parties de la voiture. Pur exemple, l’expérience a appris que