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rapport à la vigne, aux différentes variétés de l’osier, et généralement à tous les végétaux dont la grandeur naturelle est inférieure à celle de ces arbres : ceux-ci abritent les petits, et, par leur ombrage, les privent de l’influence de l’air et de l’humidité, indispensables à leur accroissement ; en outre, les racines des grands arbres, toujours fortes et très-multipliées, aspirent avec avidité les matériaux de la sève dont ils sont entourés, et ne laissent rien ou presque rien à ceux qui les avoisinent. C’est donc manquer essentiellement d’intelligence que d’ensemencer un champ dont les herbes voraces n’ont pas été soigneusement détruites, de même que de semer ou de planter sur les lisières des forêts, des bois, et en général aux environs des végétaux qui occupent depuis un certain temps le terrain qui les a reçus.

On appelle encore plantes voraces certains végétaux des jardins qui parviennent, par leur nature, à une grosseur ou à un poids qui indique la grande quantité de nourriture qu’ils absorbent : tels sont les choux, les navets, les artichauts, les citrouilles, les cardons, et bien d’autres. C’est donc une grande faute que de ne pas laisser de l’un de ces végétaux à l’autre, au moment de la plantation ou à l’époque de les éclaircir, une distance telle qu’ils ne puissent se nuire mutuellement dans le cours de leur végétation.


VOITURES. Les occupations, les travaux du cultivateur ne se bornent pas au labour des terres, à la culture des plantes, à la récolte des fruits ; il faut encore engranger ceux-ci, les transporter à la maison, et souvent de là au marché. Ces divers transports se font par le moyen de voitures attelées, soit de bœufs, soit de chevaux, soit de mulets.

Avant tout, le lecteur doit être prévenu que nous n’entreprenons point ici de décrire l’art du charron ; ainsi nous ne donnerons point ici la description des différentes parties dont sont composées les voitures, ni les dimensions de chacune des pièces dont ces mêmes parties sont formées, parce que nous présumons qu’un cultivateur soigneux de ses intérêts ne donne sa confiance qu’à un ouvrier instruit au moins des principes de son art ; mais nous tâcherons de mettre le premier à portée de juger par lui-même de la solidité dans la construction, et de la forme des voitures les plus propres à remplir ses vues. Nous ne nous écarterons de ce plan général, que pour faire connoître dans le plus grand détail, 1°. le camion prismatique, parce qu’il est d’invention moderne, et presque ignoré dans les campagnes, où il seroit très-avantageux d’en étendre l’usage ; 2°. le dynamomètre du citoyen Regnier, qui n’est encore connu que des savans, et qui devroit l’être, non seulement des cultivateurs, mais de toutes les personnes qui ont quelque intérêt au roulage.

Il est aisé de concevoir que la voiture la plus avantageuse est celle qui, par sa forme et l’exactitude de ses proportions, étant sus-