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généralement propres à la végétation, sur-tout lorsque l’oxide de fer y est mêlé avec une base terreuse convenable.

Le sulfata de fer (vitriol) a divers usages domestiques qui en font une composition précieuse.

Les décoctions astringentes des végétaux en précipitent le fer en noir : cette propriété connue dans les campagnes y fournit le moyen de teindre grossièrement les étoffes qu’on destine à des deuils. J’ai vu pratiquer cette méthode dans les montagnes du Gévaudan avec assez de succès. Il suffit d’épaissir convenablement cette teinture noire avec de la gomme pour en former de l’encre à écrire.

On emploie encore le vitriol comme astringent ; mais l’usage qu’on en fait, a ce titre, est généralement pernicieux. On emploie sa dissolution pour faire disparoître ou répercuter les éruptions cutanées, telles que gales, dartres, etc., tant sur les hommes que sur les bestiaux. La saine médecine réprouve cette méthode, à l’aide de laquelle on produit des maux incurables, sous l’apparence d’une guérison miraculeuse. Chaptal.


VIVE-JAUGE, se dit de l’action importante d’enterrer profondément une couche de fumier de plusieurs pouces d’épaisseur, depuis six, par exemple, jusqu’à vingt et vingt-quatre. C’est par ce moyen qu’on renouvelle les arbres languissans. On les déchausse, on met leurs racines à nu, en apportant toute l’attention possible à n’égratigner, à ne rompre, non pas seulement les grosses racines, mais les parties les moins apparentes du chevelu. On les laisse passer l’hiver en cet état d’isolement ; et, au retour du printemps, on enfouit dessous, et dans les interstices qu’elles laissent entr’elles, le fumier, au moins à demi-consommé, qu’on aura eu soin de placer avant l’hiver sur la terre qui sera sortie de la tranchée ; c’est-à-dire, à quatre ou cinq pieds de distance de la tige de l’arbre, suivant le plus ou le moins d’espace qu’auront parcouru les racines.

On ne peut guère attendre de succès d’une plantation d’asperges que par un premier fumage a vive-jauge. En répétant ce procédé de trois en trois ans, dans un terrain quelconque, il n’est point de terre si mauvaise qu’on la suppose, qui ne finisse par devenir une excellente terre végétative.


VIVIER, Réservoir, Carpière. C’est un lieu propre à conserver le poisson, pour le prendre facilement au besoin, soit qu’on le destine à être transporté au marché, ou consommé dans la maison. Il n’est aucun propriétaire cultivateur qui ne sente l’agrément de faire servir de temps en temps un plat de poisson à sa famille, et sur-tout de pouvoir se le procurer sans peine et sur-le-champ, à certaines époques de l’année, où les autres provisions du ménage peuvent être insuffisantes. Il n’en est pas des campagnes comme des villes, pour se procurer instantanément, pour ainsi dire, les commodités ou les besoins de la vie ;