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presque par-tout, les matériaux de la formation du sulfate de fer. En effet, les traces des volcans, la présence de l’ocre qu’on observe sur presque toute la surface du globe, annoncent que, dans les premiers temps, la terre contenoit une infinité de pyrites qui se sont successivement décomposées, tantôt en présentant les phénomènes de la combustion, tantôt en produisant seulement de la chaleur, selon qu’elles étoient imprégnées ou non de bitume.

Nous trouvons encore fréquemment des couches de ces pyrites en travail d’une décomposition active ; et, lorsqu’on les retire du sein de la terre pour les mettre en contact avec l’air atmosphérique, elles ne tardent pas à travailler, à effleurir. En très-peu de temps, le souffre est converti en acide sulfurique, et l’on trouve du sulfate de fer à la place du sulfure qui existoit originairement.

La décomposition des pyrites peut s’opérer dans les entrailles de la terre, à l’aide de l’eau qui les abreuve. Ici ce fluide cède son oxigène au soufre qui passe à l’état d’acide sulfurique, tandis que l’hydrogène devenu libre se fait jour à travers les crevasses de la terre et s’enflamme souvent par la chaleur de la décomposition des pyrites.

C’est à des causes semblables que nous devons rapporter une grande partie des phénomènes et des changemens qui surviennent au globe : la théorie des volcans et des tremblemens de terre, la formation des sulfates terreux ou métalliques si communs, si variés sur le globe, l’existence des eaux minérales, tout cela doit son origine à la décomposition des pyrites ou au passage du soufre natif, à l’état d’acide sulfurique.

Lorsque la décomposition de la pyrite se fait à l’air libre, alors il y a chaleur ; et, tant qu’elle existe, la terre est stérile, elle est brûlée : c’est alors qu’on peut appeller ces terres vitriolisées. Il existe des tourbes pyriteuses qui subissent une semblable décomposition, aussi brûlent-elles les terres sur lesquelles on les répand. Elles pourroient néanmoins leur être utiles, si on les employoit à très-petite dose. La chaleur modérée qu’elles produiroient alors, stimuleroit la végétation.

Le sulfate de fer qui a le contact de l’air et de l’eau, ne sauroit résister long-temps à leur action : ce dernier fluide le dissout, le charrie, et présente des vertus qui en font prescrire l’usage à la médecine : et c’est ce qu’on appelle des eaux minérales, martiales, ferrugineuses.

Mais le fer dissous dans l’acide sulfurique, s’oxide de plus en plus, et il se précipite peu à peu sous la forme d’un oxide jaune qui, par une oxidation progressive, devient rouge. C’est ce qui est connu sous les noms de terres ochreuses, ochre, brun-rouge, colchotar.

Ainsi, les diverses couleurs que présentent les terres ne sont dues qu’à divers degrés d’oxidation du fer ; et cet état provient de la décomposition graduée du vitriol.

Ces terres ferrugineuses sont