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Le résultat le plus intéressant des expériences de ce célèbre physicien c’est que la morsure de la vipère n’est absolument point mortelle pour l’homme, et que c’est à tort qu’on a regarde la maladie qu’elle cause, comme une des plus dangereuses et des plus difficiles à guérir. Ainsi, il ne faudra plus recourir à l’amputation, à la succion, à la ligature ; moyens qui, souvent, déterminoient la gangrène. Geoffroy et Hunault, en examinant la vertu de l’huile d’olive contre la morsure de la vipère dans un mémoire lu à l’académie en 1737, ont établi que cette morsure n’était pas mortelle pour l’homme, vérité laquelle ajoutent infiniment les expériences de M. l’abbé Fontana. De tous les remèdes ceux qui ont été les plus célèbres, sont l’alkali volatil et l’eau de luce ; aussi le physicien de Florence a-t-il multiplié les expériences pour s’assurer de leur effet ; et il conclut que loin d’être utiles, ils aggravent la maladie et même accélèrent la mort dans certains animaux ; tels que le lapin, la grenouille. S’ils ont paru réussir, c’est que la maladie n’étoit pas mortelle, parce que le venin n’étoit pas en assez grande quantité pour tuer. En effet, d’après les expériences de Fontana et le calcul qu’il a établi de la quantité de venin relative à la grandeur de l’animal mordu, il suffiroit, pour donner la mort à un moineau d’un millième de grain du venin de la vipère ; mais il faudroit celui de trois vipères pour tuer un chien pesant soixante livres. Or, l’homme est environ trois fois plus pesant que ce chien, une seule vipère ne peut donc pas le tuer avec une seule morsure ; et comme il n’est peut-être jamais arrivé qu’un homme ait été mordu par plusieurs vipères à-la fois ou à plusieurs reprises par la même vipère, peut-être aussi n’est-il jamais arrivé qu’un homme ait été mordu mortellement pas ce reptile. L’auteur n’a pu faire ses expériences sur l’homme, mais ayant recueilli toutes les observations d’empoisonnemens causés par la morsure de la vipère, il a remarqué qu’aucune des personnes mordues n’en étoit morte, quoiqu’on ait employé pour les secourir toutes sortes de remèdes, même des vertus les plus opposées, tels que l’alkali volatil et le vinaigre. Quand le travail de Fontana n’auroit procuré d’autre bien que la certitude de ne pas courir les risques de la mort par la morsure d’une vipère, on devroit déjà à ce physicien célèbre une reconnoissance éternelle ; car la frayeur et la crainte de la mort ne sont ni moins dangereuses ni moins funestes que le mal même.

Dans un supplément imprimé à la fin de son second volume, M. l’abbé Fontana annonce que la pierre à cautère détruit la vertu malfaisante du venin de la vipère avec lequel on la mêle, et que tout concourt à la faire regarder comme le véritable et seul spécifique contre ce poison.

Il faut commencer le traitement, dit le docteur Duplanil, par faire des scarifications sur la partie blessée, parce que si le remède ne pénètre pas dans tous les endroits