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ques modifications, pour faciliter le service : en effet, en donnant à l’orifice de la chaudière tout le diamètre de la base, le chapiteau présente un évasement très-considérable ; il est par conséquent indispensable de lui donner une grande hauteur pour conserver aux surfaces l’inclinaison de 75 degrés. Cette construction entraîne deux inconvéniens majeurs : le premier, de rendre le chapiteau pesant, lourd et coûteux ; le second, de présenter de la difficulté pour donner aux bords supérieurs de la chaudière la force convenable pour résister à l’effort du chapiteau. Ce sont ces premières considérations qui m’ont forcé à porter quelque changement dans la construction ci-dessus, quelque conforme qu’elle parût aux principes. Ces changeraens sont tous dans la forme de la chaudière : j’en évase légèrement les côtés en les élevant ; et je les rapproche vers le haut, de manière que le diamètre de l’ouverture réponde à celui du fond. Cette forme remédie aux deux défauts que nous avons notés ci-dessus, et elle a l’avantage de présenter un rebord à la partie supérieure contre lequel les bouillons, provenant d’une ébullition trop forte, viennent se briser pour être rejetés contre le centre de la chaudière.

Indépendamment de ce changement de forme dans la chaudière, j’ai cru qu’on devoit supprimer le réfrigérant dont on revêtoit le chapiteau. Ce réfrigérant a l’inconvénient de rafraîchir les vapeurs, et d’établir un nuage dans l’intérieur qui contrarie leur ascension ultérieure.

On peut observer que, lorsqu’on distille à la cornue et au bain de sable, il suffit d’appliquer un corps froid sur la cornue, pour produire cet effet : on voit de suite se former des stries sur les parois, et la liqueur retomber dans le fond de la cornue elle-même.

Si, dans les temps, j’ai proposé moi-même de conserver le réfrigérant, c’est que je lui attribuois une portion des effets qui appartenoient et dérivoient d’une construction du fourneau bien entendue. Je me suis assuré par la suite qu’on obtenoit un plus grand effet encore en supprimant le réfrigérant. Il y a d’ailleurs plus d’économie et moins d’embarras dans le service.

D’après cela, j’ai pensé que le grand art de condenser les vapeurs se bornoit à agrandir le bec du chapiteau, et rafraîchir avec soin l’eau du serpentin. Par ce moyen, les vapeurs s’échappent de l’alambic avec d’autant plus de facilité qu’elles sont appelées dans le serpentin par la prompte condensation de celles qui les ont précédées.

Ces divers degrés de perfection ont commencé à être introduits dans le Languedoc, il y a douze à Quinze ans. Les frères Argand ont puissamment contribué à les faire adopter ; les premiers, ils ont formé des établissemens d’après ces principes, et on a obtenu une telle économie dans le temps et le combustible, qu’on l’évalue aux quatre-cinquièmes, d’après les résul-