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trouvons encore des modèles dans les ateliers de nos parfumeurs.

L’idée où l’on étoit que le produit de la distillation étoit d’autant plus délié, d’autant plus subtil, d’autant plus pur, qu’on l’élevoit plus haut, en le faisant passer à travers des tuyaux plus minces, a dirigé la construction de ces vaisseaux distillatrices. Mais on n’a pas tardé à se convaincre que c’étoit moins les obstacles opposés à l’ascension des vapeurs que l’art de graduer le feu avec intelligence qui rendoit le produit d’une distillation plus ou moins pur. On a vu que, dans le premier cas, la force du feu dénature les principes spiritueux en leur communiquant le goût d’empyreume, tandis que dans le second, ils s’élèvent vierges et passent dans le serpentin sans altération. D’un autre côté l’économie, ce puissant mobile des arts, a fait adopter tous les changemens qu’on a faits au procédé des anciens.

Ainsi, successivement la colonne perpendiculaire à la chaudière a été baissée ; le chapiteau, aggrandi ; là chaudière, évasée ; et l’on est parvenu par degrés à l’adoption générale des formes suivantes :

Les alambics sont aujourd’hui des espèces de chaudrons à cul plat dont les côtés sont élevés perpendiculairement au fond jusqu’à la hauteur d’environ six décimètres (22 pouces), À cette hauteur on pratique un étranglement qui en réduit l’ouverture à trois ou quatre décimètres (11 à 12 pouces). Cette ouverture est terminée par un col de quelques pouces de long, dans lequel s’adapte un petit couvercle appelé chapeau, chapiteau, lequel va en s’élargissant vers sa partie supérieure et a la forme d’un cône renversé et tronqué. C’est de l’angle de la base de ce chapeau que part un petit tuyau destiné à recevoir les vapeurs d’eau-de-vie, et à les transmettre dans le serpentin auquel il est adapté. Ce serpentin présente six à sept circonvolutions et est placé dans un tonneau qu’on a soin de tenir plein d’eau, pour faciliter la condensation des vapeurs : ces vapeurs condensées coulent à filet dans un baquet qui est destiné à les recevoir.

Les chaudières sont, pour l’ordinaire, enchâssées dans la maçonnerie jusqu’à leur étranglement : le cul seul est exposé à l’action immédiate du feu. La cheminée est placée vis-à-vis la porte du foyer ; et le cendrier, peu large, est séparé du foyer par une grille de fer.

On charge les chaudières de vingt-cinq à trente myriagrammes de vin (5 à 6 quintaux) ; la distillation s’en fait dans huit ou neuf heures, et on brûle à chaque chauffe ou opération environ trois myriagrammes de charbon de terre (60 livres).

Tel est le procédé usité en Languedoc depuis bien long-tems : mais, quoiqu’ancien et généralement adopté, il présente des imperfections qui ne peuvent que frapper un homme instruit dans les principes de la distillation.

1o. La forme de la chaudière établit une colonne de liquide très-