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velle plus souvent. Tous les moyens de conserver le raisin, de même que les autres fruits, sont bons, dès qu’ils les mettent à couvert de l’action de l’air, puisque c’est elle qui d’abord le flétrit pour le corrompre bientôt après. Les méthodes suivantes sont incontestablement les plus sûres.

1°. Suspendez les grappes à des cordeaux ou à des gaulettes de bois très-sec, et de manière qu’elles ne se touchent ni les unes ni les autres. Quelques personnes portent l’attention jusqu’à fixer les grappes aux cordeaux ou aux gaulettes, avec des fils attachés au petit bout de la grappe. Par ce moyen elles procurent à chaque grain un isolement précieux pour sa conservation. Cette manière de garder le raisin est la plus simple et la plus commune ; toutefois quand les circonstances locales se trouvent d’accord avec les soins du surveillant, et que celui-ci ne laisse séjourner à la grappe aucun grain entaché, il n’est pas rare de posséder d’excellens raisins après sept et huit mois de récolte.

2°. Faites faire une ou plusieurs caisses d’un mètre en tout sens, selon la quantité de raisins qu’on veut conserver ; faites garnir leur intérieur de gaulettes ou déficelles auxquelles vous suspendrez les grappes, sans qu’elles puissent se toucher. Fermez ces caisses ; appliquez un enduit de plâtre sur toutes les jointures ; faites les transporter à la cave et recouvrir, de deux ou trois décimètres de sable fin et très-sec. Le raisin se conserve ainsi très-long temps. ; mais sitôt que chaque caisse est entamée, il en faut promptement consommer le fruit.

3°. Choisissez un hectolitre qui ait contenu de bon vin ; arrangez les grappes comme ci-dessus ; renfoncez cette pièce ; introduisez-la dans une seconde futaille ; remplissez de vin tout le vide qui les sépare l’une de l’autre, et bouchez exactement. Cette méthode est dispendieuse ; mais elle conserve le raisin pendant une année presque entière.

4°. On prend des cendres de sarmens bien tamisées ; on les détrempe en consistance de bouillie claire ; on y plonge les grappes à différentes reprises, jusqu’à ce que la couleur des grains ne soit plus apparente ; on les range ensuite dans une caisse, sur un lit des mêmes cendres, non mouillées ; on les recouvre d’un second rang ; celui-ci d’une couche de cendres sèches, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la boîte soit remplie. Après l’avoir soigneusement fermée, on la dépose à la cave. Pour servir le fruit, il suffit de le plonger à plusieurs reprises dans de l’eau fraîche ; la cendre s’en détache facilement et il s’est conservé aussi beau, aussi frais qu’au moment où on l’a cueilli. Cette méthode permet de faire usage d’une partie des raisins sans nuire à la conservation du surplus.

5°. On ensevelit quelquefois le raisin dans de la menue paille bien sèche, lit par lit ; il se conserveroit très bien ainsi, s’il n’étoit exposé aux ravages des souris.

6.. Si l’on veut borner ses soins