l’attention qu’on avoit de tirer quelques coups de fusil le long des murs, à trois différentes époques de la journée, le matin à une demi-heure de soleil, vers midi, et le soir, une ou deux heures avant le coucher de cet astre. Ou répète ces explosions pendant quelques jours de suite ; on étend d’abord quelques-uns de ces petits picoreurs sur la place ; et cet exemple ne reste pas sans effet.
On connoît le plus haut point de maturité auquel le raisin puisse parvenir dans le climat où l’on habite, par la couleur des grains, par la pâleur des feuilles, et surtout par le dessèchement du pédoncule et de la rafle. Tandis que la queue du raisin et sa grappe sont encore verts, c’est une preuve que la sève y circule et qu’elle parvient jusqu’au grain ; ainsi il n’est pas encore parvenu au degré de maturité auquel il est susceptible d’atteindre. Mais dès que la rafle et son pédoncule sont devenus de couleur brune, dès qu’ils ont pris une consistance tout-à-fait ligneuse, ils ne filtrent plus de sève ; ils n’ont plus rien à communiquer au fruit : il est tems de le cueillir. Nous avons cité quelques bons vignobles, il est vrai, où l’on est dans l’usage de laisser le raisin aux ceps assez long-tems encore après cet indice de sa maturité, pour lui faire perdre son eau surabondante, pour concentrer encore le muqueux-sucré. Mais le raisin de treille est destiné à être conservé dans le fruitier : c’est là qu’il doit se perfectionner. Si on le laissoit exposé aux premières gelées, son enveloppe durciroit ; il seroit beaucoup moins agréable à manger.
Soyez encore plus délicat sur le choix d’un beau jour pour récolter le raisin, que pour cueillir tout autre fruit, car, pour se conserver, il veut être rentré très-sec. À mesure que le coup de ciseaux sépare les grappes de la treille, et que vous en avez détaché avec une aiguille tous les grains suspects, étendez légèrement les grappes sur des claies garnies d’un lit de mousse très-sèche ; ne les touchez que le moins possible ; isolez-les sur la claie, et quand elle sera couverte d’une simple couche de fruit, faites-la transporter à la maison, comme sur une civière, par deux personnes qui éviteront avec soin les heurts et les secousses. Déposez successivement toutes vos claies en lieu sec sans toucher au raisin. Il est sans doute inutile de dire qu’elles doivent être placées l’une à côté de l’autre, et non les unes par dessus les autres. Si la journée du lendemain est belle, sereine, si les nuages n’interceptent point les rayons du soleil, on portera de nouveau et avec les mêmes précautions, les claies dans le jardin ; le raisin y sera exposé à la plus forte chaleur de la saison ; après quelques heures on retournera légèrement les grappes, et quand elles seront dégagées de toute humidité extérieure, on les introduira dans le fruitier.
Le lieu le plus propre à leur conservation doit être sec et d’autant moins aéré que l’humidité s’introduit d’autant plus que l’air pénètre plus aisément ou se renou-