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geons qui, étant tirés l’un à droite, l’autre à gauche, vous les fixerez à la muraille et dans une direction parfaitement horizontale, avec des loques que vous serez libre de remplacer ensuite par de simples crochets de bois. Ces rameaux formeront la première division de la tige, et suffiront pour former une treille à deux branches. Les deux points d’où elles partent, ne sont pas géométriquement placés vis-à-vis l’un de l’autre ; mais il ne s’en faut ordinairement que de la distance d’un bouton à l’autre : cette petite irrégularité est à peine remarquable. Pour vous procurer deux nouvelles divisions supérieures, ménagez les deux sarmens qui sortiront sur chaque branche des deux yeux les plus voisins de chaque coudure ; laissez-les croître verticalement ; taillez-les après la maturité du bois, à la hauteur de quatre ou cinq décimètres ; éteignez, comme vous l’avez déjà fait sur le sarment dont vous avez formé une tige, tous les yeux inférieurs à celui qui avoisine la taille, et il sortira de même de celui-ci un rameau qui, appliqué horizontalement au mur, formera une double branche à chacun des côtés de la tige. Si la hauteur du mur permet de donner encore plus d’élévation à la treille, en multipliant ses branches, on peut répéter le même procédé trois, quatre, cinq fois, et tout autant qu’on en a besoin. Le cep étoit-il déjà fort au moment de la plantation ? c’est une avance précieuse : il donnera du fruit dès la première année. À la quatrième, il couvrira une grande étendue de muraille, et produira une récolte abondante. Toutes les grappes sont portées par le jeune bois qui sort des branches horizontales ; et c’est sur ce bois de l’année qu’on exécute la taille. Le cultivateur opérant ici sur un sujet sain, et presque toujours très vigoureux, il est moins assujetti aux petites précautions, que s’il travailloit sur les plants foibles et délicats de nos vignes en grande culture. Qu’il se garde cependant de tirer indiscrètement à fruit : s’il commettoit cette imprudence pendant quelques années de suite, il ruineroit sa treille ; il faudroit bientôt, sinon l’arracher, du moins supprimer tout le vieux bois pour se procurer des mères branches nouvelles, et quelques récoltes extraordinaires qu’on auroit obtenues, ne dédommageroient pas d’une privation absolue pendant trois ou quatre ans. On peut tailler sur les espèces les plus vivaces, à trois et quatre nœuds, et à un ou deux tout au plus sur les races délicates, à proportion de leur force. Il est à propos de supprimer de temps en temps, sur les unes et sur les autres, le bois de l’année, et celui de deux ans qu’on prévoit devoir jeter de la confusion dans l’ensemble des produits, ou les multiplier avec excès. Quelques amateurs du jardinage possèdent des treilles dirigées avec l’art et dans l’ordre dont nous venons de donner le modèle. Il faut les avoir vues pour se faire une idée de la fraîcheur d’une pareille décoration, de la beauté des fruits et de la richesse des récoltes, sur-tout