plus on présente à la sève de différentes routes à parcourir en sens vertical, plus tôt on doit arrêter sa marche en largeur ou dans les conduits placés horizontalement. Mais soit que vous espaciez vos ceps de dix, de sept ou de cinq mètres, n’oubliez pas qu’il est des espèces plus vivaces les unes que les autres. La végétation du pineau, du muscadet, du sauvignon, du ciotat, du grec est beaucoup moins forte que celle des muscats, des chasselas, de la donne et du bordelais. La différence qui existe entre leurs diverses manières de végéter et de croître est très-remarquable. Les premiers portent comparativement aux autres, des grappes et des grains petits, des feuilles minces et étroites, et leur substance moelleuse occupe peu de place. On présume assez qu’il y auroit de l’inconséquence à vouloir obtenir autant de produits des unes que des autres ; ainsi, en restreignant à une moindre étendue les branches des ceps les plus délicats, on peut les rapprocher davantage les uns des autres dans la plantation.
Je suppose votre mur prêt et vos espèces déterminées. Si le terrain dans lequel vous voulez planter est sec et léger, ou calcaire, ou s’il repose sur un banc de marne, faites creuser, en brumaire, à deux décimètres de la muraille, des trous de sept décimètres de profondeur et d’un mètre carré d’ouverture ; si la terre est humide, argileuse, de simples trous seroient insuffisans ; les racines auroient trop de peine à la pénétrer ; faites faire une tranchée d’environ un métro en tous sens ; garnissez le fond d’une couche de pierres, de gravois, de cailloux et de gros sable. Cette couche donnera une issue aux eaux ; elle assainira le terrain ; mais il sera bon de la recouvrir de même que la terre du fond, dans des trous simples, de quelques travers de doigts de bonne terre végétative, mêlée d’un tiers de marne et d’un tiers de sable de ravins. Évitez toute parcimonie dans les frais d’une telle plantation ; si rien n’y manque, elle aura la durée des siècles. Placez vos marcottes ou vos plants, quels qu’ils soient, au lieu et à la distance que vous aurez déterminés, et ne permettez pas qu’on piétine la terre dont on les recouvre ; celle qui formoit la surface du sol doit être la première employée. Dès la première année chaque cep vous donnera plusieurs pousses, dont une au moins assez forte pour devenir une bonne tige. Si, par l’effet de quelque circonstance imprévue, aucun des sarmens nouveaux d’un cep ne répondoit à votre attente, dans la première année, faites-les tous disparoître au temps de la taille. La pousse de la seconde année vous donnera le jet que vous attendez ; laissez-le subsister seul : enlevez sur la souche tous les brins qui partageroient sa nourriture, et quand il sera parvenu à la hauteur de plus d’un mètre, taillez vers la fin de l’automne tout ce qui excède cette mesure ; éteignez tous les yeux inférieurs, et ne laissez subsister que les deux boutons les plus voisins de la taille : il en sortira deux bour-