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les fruits des arbres à noyaux, qui, lors des grandes averses, cavent et carient leurs blessures ou leurs cicatrices et font extravaser la séve de tous les côtés, où elle se montre peu après en consistance de gomme. Le mauvais effet de ces cordons dominant d’autres arbres est très-remarquable. Il est peu d’agriculteurs qui n’aient été à portée de voir les bras d’une treille arrêtés, par exemple, perpendiculairement à l’axe d’un pêcher dirigé à la montreuil. On voit que toutes les branches qui partent du côté surmonté par la vigne sont basses, foible et languissantes, et que toutes celles du côté opposé sont fortes, vigoureuses, d’une belle venue et disposées à prendre l’essor de l’indépendance ; elles dépasseroient bientôt le cordon de la vigne si le jardinier n’avoit soin de les incliner quand il les palisse. Ce fait prouve assez qu’en persistant à prolonger des cordons de vigne au-dessus des espaliers, on s’obstine seulement à mal faire.

Si le mur que vous avez choisi pour y adosser une vigne n’est pas construit en terre, en pisé ou en briques bien jointes, faites le revêtir d’un bon enduit de plâtre ou crépir de mortier à chaux et à sable. Il est important que toutes les crevasses, que tous les trous disparoissent ; ils serviroient de retraite aux insectes nuisibles à la vigne : et vous aurez assez d’autres ennemis à combattre ; d’ailleurs les surfaces unies sont les plus favorables à la maturité des fruits. Comme nous n’avons point à redouter la surabondance de la séve pour ce genre de culture, parce que nous nous procurons par le moyen du reflet toute la chaleur, qui lui est nécessaire, nous ne craignons ni la multiplication des racines, ni le nombre des feuilles, ni le volume et l’étendue qu’elles donneront à la plante. Cependant puisqu’elle doit être soumise à la taille, il faut fixer un terme au prolongement de ses branches mères. Le degré d’élévation du mur et l’espèce de la vigne doivent servir de règle pour l’espacement des ceps. Plus le cep est destiné à couvrir de surface en hauteur, moins on doit laisser prendre d’étendue à ses bras ou à ses branches horisontales. Par exemple, si le mur est bas, s’il n’est élevé que d’un mètre cinq décimètres, on ne pourra tirer de l’arbre que deux cordons, un à droite, l’autre à gauche ; mais ils pourront être prolongés jusqu’à cinq mètres chacun ; et leurs pieds être, par conséquent espacés du double. Si le mur est élevé de deux mètres, les cordons de la vigne seront doublés sans inconvénient ; elle produira deux branches horisontales de chaque côté ; la branche supérieure plus élevée que l’inférieure d’environ cinq à six décimètres : dans ce cas on placera les ceps à sept mètres les uns des autres. Enfin si le mur est porté à une élévation d’un tiers, de moitié ou de plus encore, et si l’on présume pouvoir tirer des tiges trois, quatre ou cinq cordons, il faudra rapprocher les ceps dans la même proportion et ne pas oublier que plus on les force à s’élever, que