bon plant à un mauvais, ouvrez une fosse de quatre ou six décimètres le profondeur, suivant l’élévation des ceps ; sa largeur doit dépendre du nombre des tiges que vous aurez à remplacer ou à coucher. Il est impossible d’en prescrire la forme ; c’est au vigneron qu’il appartient de la juger ; mais ou ne sauroit couper trop perpendiculairement ses bords, sans exposer le terrain à écrouler par l’effet des gelées et des pluies. La terre ayant été enlevée avec soin et ménagement au pied du cep, les racines séparées et détachées, on défoncera la base de la fosse, et l’on couchera horizontalement le cep dans le milieu ou sur l’un des bords de la fosse, suivant les circonstances et la nécessité, et l’on disposera les sarmens dans les angles pour remplacer les ceps qui ont péri ou qu’on a jugé à propos de supprimer. En dressant les sarmens contre les parois de la fosse, on évitera scrupuleusement de les couder. Ils seront légèrement recouverts de terre ; mais cependant assez bien assujettis pour que les vents ou telle autre cause ne leur fasse pas perdre la direction qu’on leur a donnée. Une fois disposés et fixés à la place qu’ils doivent occuper, on jettera par dessus le peu de terre qui les recouvre, quelques pelletées de bon terreau. Ayez l’attention, quand vous donnerez le premier labour à la vigne de ne pas combler cette fosse, afin d’obliger les racines qui pousseront à chaque œil du sarment couché, à aller chercher leur nourriture plutôt dans l’intérieur qu’à la surface de la terre. Cette observation est sur-tout importante pour les vignes plantées dans le rocher, dans les sables et les graviers. Si les fosses étoient trop tôt remplies, les racines s’étendroient dans cette terre meuble et y seroient plus exposées aux rigueurs des gelées et de la sécheresse. Taillez le provin à deux ou trois yeux sitôt que vous l’aurez dressé, et ne négligez pas de planter le tuteur formé de vieux bois, qui doit servir de soutien aux bourgeons que vous en obtiendrez, et à leur faire prendre la direction que vous jugerez à propos de leur prescrire. Nous demandons que le pieu ou l’échalas soit de vieux bois, parce qu’on emploie communément à cet usage le chêne et le châtaignier, et que lorsqu’ils sont verds ils communiquent à la terre et de suite au jeune plant une substance acre, amère qui souvent le fait périr. On peut suppléer à la vieillesse du bois en le faisant tremper dans l’eau pendant quelques mois. Par l’effet de l’immersion il est dégagé de cette substance acrimonieuse qui nuit à la vigne. N’oubliez jamais de faire écorcer les bois que vous emploierez à former des échalas, n’importe de quelque espèce ils soient. On voit souvent des pieux de saule, refendus en quatre, prendre racines, pousser des branches et vivre en parasites ; en les dépouillant de leur écorce, on les prive de la faculté de végéter ; d’ailleurs, les insectes piquent l’écorce, y déposent leurs œufs ; il en sort des vers qui se nourrissent de la substance du bois et y
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