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de son existence. Si on fouille la terre à cette époque, on y trouve non-seulement des hannetons tout formés, mais aussi des vers de son espèce de différens degrés de grandeur.

V. Le limaçon ou escargot. Les vignerons le nomment le limaçon des vignes ; mais il ne diffère en rien du limaçon commun chochlea terrestris. C’est un ver oblong, ovipare, sans pieds ni os intérieurs, enfermé dans une coquille d’une seule pièce, d’où il sort et où il rentre à son gré. Cette coquille change de couleur à mesure que l’insecte vieillit. Le limaçon rend de tous les endroits de son corps, et particulièrement de ses parties inférieures, une humeur visqueuse et grasse qui les retient sur les corps qu’il parcourt et qui l’empêche d’être pénétré par l’eau. Pour ménager une liqueur si précieuse, il a grand soin d’éviter les ardeurs d’un soleil brûlant qui la dessécheroient ; aussi habite-t-il communément les lieux frais. Sa coquille lui sert de demeure ; il la porte par-tout avec lui, et ne semble la tenir que par le gonflement de ses parties charnues ; car on ne découvre point le ligament, le muscle tendineux qui attache les autres testacées à leurs coquilles. On remarque sur le côté droit du cou du limaçon, une ouverture qui est en même temps le conduit de la respiration, la vulve de l’anus ; c’est de là que sortent au besoin, et dans le même individu, les parties masculine et féminine de la génération. L’acte de l’union intime n’a lieu pleinement qu’après qu’un limaçon en a rencontré un autre de sa même espèce, de sa même grosseur et d’une coquille dont la couleur soit entièrement conforme à la sienne. Leur réunion s’annonce par des mouvemens préliminaires assez vifs et après s’être mutuellement assurés d’une parfaite intelligence. Ils ont un genre d’agacerie fort singulière, dit Valmont de Bomare. Il sort entre les parties mâles et femelles une espèce d’aiguillon, fait en fer de lance à quatre appendices, qui se termine en une pointe très-aiguë et assez dure, quoique friable. Quand les deux limaçons tournent l’un vers l’autre la fente de leur cou et se touchent par cet endroit, l’aiguillon de l’un pique l’autre ; et la mécanique qui fait agir le petit dard est telle qu’il abandonne en même temps la partie à laquelle il étoit attaché, de manière, qu’il tombe par terre, ou que le limaçon piqué l’emporte. Celui-ci se retire aussitôt ; mais peu de temps après il revient, rejoint l’autre, le pique amoureusement à son tour ; et l’accouplement s’accomplit, et les deux limaçons se fécondent l’un l’autre par une action réciproque et simultanée. Environ dix-huit jours après ils pondent, par l’ouverture de leur cou, une grande quantité d’œufs qu’ils cachent en terre avec beaucoup de soin et d’industrie. Aux approches de l’hiver le limaçon s’enfonce lui-même dans la terre, ou bien il se retire dans quelque trou, quelquefois seul, mais ordinairement en compagnie. Il forme alors, avec sa bave, à l’ouverture de sa co-