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bourgeon a environ deux décimètres de longueur ; ils s’attachent aux feuilles nouvelles, les roulent, les tournent en spirale et pondent dans les replis qu’ils ont formés, deux œufs extrêmement petits. Ou trouve souvent enfermés dans ces espèces de cornets le mâle et la femelle. Les deux œufs ne sont jamais ensemble mais dans des circonvolutions différentes. La nature qui veille toujours à la conservation des espèces, a donné à ces insectes l’instinct de couper le bourgeon à moitié ou aux deux tiers, avant d’en rouler les feuilles, parce que si la sève s’y répandoit avec trop d’activité, ils ne leur trouveroient pas la flexibilité nécessaire pour les contourner à leur gré. La forte incision qu’ils font aux bourgeons est le principe du mal, puisqu’elle détruit l’espoir de la récolte. La larve de ces charançons n’est pas moins funeste aux vignes que l’insecte parfait, parce qu’elle se nourrit, comme lui, du bourgeon et du pédoncule des feuilles. Ces insectes sont connus des vignerons sous les noms d’urbec, urbère, coupe-bourgeons, diableau, bêche, lisette, velours-vert, destraux, etc..

III. Un gribouri, que fabricius a désigné sous le nom de gribouri de la vigne, crytocephalus vitis, Linné le range dans les chrysomèles. Quelques écrivains ont confondu le Gribouri avec les charançons dont on vient de parler ; mais la manière dont ils attaquent la vigne est très différente. Le gribouri ronge les feuilles, fend les grains du raisin : mais il ne coupe ni le bourgeon, ni les péduncules. Lorsque la vigne est attaquée par le gribouri, ses feuilles sont percées comme un crible ; son bois maigrit, il est peu nourri ; son fruit est rare et mal conditionné.

III. Le hanneton scarabœus stridulus arboreus vulgaris. Sa larve connue sous les noms de ver blanc, de turc, de man est beaucoup plus funeste à la vigne que l’insecte dans son état de perfection. Le charançon n’est, pour ainsi-dire, qu’éphémère, mais le hanneton emploie plusieurs années à parcourir le cercle de ses diverses métamorphoses. Après sa fécondation, la femelle creuse un trou dans la terre avec sa queue et s’enfonce à la profondeur d’un mètre huit centimètres ; elle y pond ses œufs, quitte son repaire, se nourrît encore pendant quelque tems avec les feuilles des arbres et disparoît bientôt après. Vers la fin de l’été les œufs sont éclos ; il en est sorti de petits vers qui se nourrissent de gazon, de racines et sur-tout du chevelu de la vigne. Ils interrompent par leurs morsures la communication des vaisseaux qui portent une partie de la sève dans les plantes. On devine aisément la présence de cet insecte au pied de la vigne, par la couleur rougeâtre que contractent ses feuilles et par la précocité de son fruit. À l’âge de trois ans le ver du hanneton a pris une telle croissance qu’il n’a pas moins d’un décimètre de longueur et six ou sept centimètres de grosseur. Sa métamorphose de larve en scarabée a lieu au mois de prairial, vers la fin de la quatrième année