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elle résulte de la décomposition des végétaux. Les mousses, les feuilles, les gazons mêlés ensemble, réunis en grandes masses et abandonnés pendant deux ans à l’effet de la fermentation forment cet engrais par excellence. Cependant comme il est souvent impossible de se procurer, en quantité suffisante ces principes du meilleur des amendemens, les cultivateurs les plus intelligens ont recours aux terres qui résultent du curage des rivières, des étangs, des fossés, aux balayures des chemins et des rues ; ils en forment des monceaux composés alternativement d’une couche de ces sortes de terres et d’une couche de vieux fumier de bœufs ou de vaches, de chevaux ou de bergeries ; ils laissent hiverner ce mélange, le remuent ensuite, à la bêche, dans tous les sens et à plusieurs reprises pendant une année, après laquelle ils le transportent dans les vignes. Les qualités des différens engrais étant très-inégales, on ne doit se déterminer pour la préférence qu’on donne à l’un sur les autres que d’après la nature et l’exposition du terrein qui doit le recevoir. Tel engrais seroit mortel pour les ceps d’un vignoble, pour ceux qui sont placés dans certaines parties d’une vigne, et qui, ailleurs, dans le même canton, dans d’autres parties de la même vigne ranimeroit la végétation, revivifieroit les plains, les rajeuniroit en quelque sorte. On amende les parties les moins sèches des vignes en y répandant du sable et sur-tout du sable de ravins, parce qu’il est constamment mêlé d’humus : avec des coquillages, des marnes et autres substances calcaires : on peut leur donner pour engrais les cendres, la suie, la colombine, la poulnée et même les matières fécales : mais il est indispensable que celles ci aient été longtems exposées à l’air et quelles soient réduites en poudrette. Tous doivent être mêlés en général avec de bonnes terres franches, pour en rendre l’effet moins actif et plus durable. S’il est des circonstances où il soit avantageux de les distribuer seuls et sans aucun mélange, comme sur des terres excessivement humides, vu leur conversion en vigne, on ne doit les répandre qu’à la main, par poignée, comme on sème le blé. La terre végétale seule est capable de ranimer pour plusieurs années la végétation des ceps qui languissent dans les terreins maigres et vers la crête des coteaux les plus élevés. Ainsi le grand art d’amender et de fumer réside dans la connoissance de l’effet des différens engrais et dans leur application, proportionné au besoin des différentes espèces de terres. En les composant, en les mêlant avec des terres franches ou végétatives, dans la mesure d’une moitié, d’un tiers ou d’un quart ; et même en n’employant que du sable, de la marne, ou seulement de la terre, on modifie à volonté l’effet de tous. Quelques cultivateurs ont employé des raclures de cornes, dans la proportion de vingt hectolitres par demi hectare ; quelques vignerons des environs de Metz sont