prolongent en serpentant depuis la cime jusqu’au bas de la côte. Leur aspect rappelle les flots d’une nappe d’eau soulevée par un orage.
On donne le second labour d’abord après que le fruit est noué. On y procède comme au premier, à la seule différence que le vigneron se place pour le commencer, sur le point où il avoit fini le travail de la première rangée, au lieu d’avoir le Midi à sa droite, il l’a à sa gauche ; il conserve aux sillons qu’il crée leur ligne d’obliquité, mais dans un sens opposé au premier. Il tire la terre de gauche à droite, et de manière à ce que la partie qui étoit creuse devienne bombée à son tour. Ce second labour est nommé dans plusieurs vignobles binage, premier binage, raclet, premier raclet ; mais ces expressions sont impropres, parce qu’elles donnent l’idée d’un travail plus léger, plus superficiel qu’il ne doit être. Le second labour n’est guère moins important que le premier : la terre n’est par-tout complettement remuée qu’après l’avoir reçu.
Le troisième est plutôt, en effet, un binage, un sarclage, qu’un labour proprement dit ; aussi peut-il être exécuté avec plus de promptitude et avec un instrument moins lourd. Il a pour objet d’étendre la terre, d’égaliser sa surface, d’extirper lest herbes dont les pluies du solstice favorisent la germination et l’accroissement et d’attirer les rosées. Les gelées n’étant plus à craindre, il est bon que la terre se pénètre d’humidité pour la restituer aux plantes qui en sont alors d’autant plus avides que c’est le moment où le raisin va prendre de la grosseur. Les circonstances météorologiques ne sont rien moins qu’indifférentes pour la perfection des labours de la vigne ; aussi doit-on les avancer ou les retarder de quelques jours, suivant l’état du ciel. Un labour donné immédiatement après de longues pluies est désastreux dans les terres un peu compactes. On ne coupe alors la terre que par mottes qui, au premier coup de chaleur se durcissent en pierres ; n’étant plus divisée, elle est privée de la qualité spongieuse qui la rend propre à s’imprégner des substances aériennes qu’elle doit tenir en réserve pour le besoin des ceps. Si la terre est trop sèche, si la chaleur est excessive quand on donne le troisième labour, on favorise l’évaporation du peu d’humidité subterranée qui rafraîchissoit encore les racines, ou expose la plante à la brûlure ; les feuilles jaunissent, tombent, la végétation s’arrête ; le fruit ne grossit plus ; il se dessèche et ne peut mûrir. C’est à la suite d’une pluie douce et après que le raisin a tourné qu’il est plus avantageux de donner le troisième labour. On dit, après que le raisin a tourné, parce que pendant la durée de cette seconde crise de la végétation, la vigne doit être impénétrable à tous. La nature veut opérer ce travail, comme celui dit nouement, seule, dans le silence, et, pour ainsi dire, dans le mystère.
Le dernier labour a sur-tout pour objet de purger la terre de