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che avec égalité de toutes les parties de la bouture.

On a quelquefois à planter dans des terres, à des expositions très favorables à la vigne, où la taravelle ne pourroit être employée, parce que le terrain trop mouvant combleroit le trou avant qu’on eût eu le temps d’y introduire la bouture ; il en est d’autres dont la surface est tellement hérissée de roches, qu’il est impossible d’y ouvrir des tranchées ou des rayons. On se borne alors à pratiquer des fouilles d’espace en espace, de quatre à cinq décimètres de profondeur et d’ouverture. On jette au fond la terre la plus émiée de la surface dans une épaisseur de quelques centimètres, puis on y place le plant bouture ou chevelu plus ou moins perpendiculairement, suivant la nécessité de multiplier ou de restreindre la qualité des racines. On recouvre d’abord avec le surplus de la première terre qui n’a pas été employée au fond de la fosse ; on emploie ensuite celle de la seconde fouille ; et celle de la troisième devient la couche supérieure.

Quand le terrain est en pente douce, quand la terre a plus de liaison et de consistance qu’il n’en faudroit pour ce genre de culture, on plante ordinairement dans des tranchées ou rayons, ouverts d’un bout à l’autre de la pièce. On donne, ou plutôt on doit donner à ces fossés des dimensions en profondeur et en largeur relatives aussi à l’espacement des ceps ; c’est-à-diren à la nécessité d’augmenter ou de diminuer le nombre des racines. Dès que la première tranchée est ouverte, occupez-vous de sa plantation, afin que rien ne s’oppose à l’ouverture de la seconde et de celles qui doivent la suivre. Si vous craignez que votre terre ne soit pas assez mûre, assez divisée, il faut y suppléer en répandant une plus grande quantité de terreau dans les tranchées ; car la plus mauvaise des méthodes est celle qui contraint de revenir pendant deux ou trois années de suite sur le même terrain pour en terminer la plantation ; c’est prolonger la jeunesse de la vigne, et la forcer par conséquent à ne donner pendant long-temps qu’un vin sans qualité. N’allez pas non plus former deux rangs de ceps dans le même rayon, en inclinant les uns à droite, les autres à gauche, et forçant ainsi les racines à se réunir, à se pelotonner, à s’étouffer ou à se chancir mutuellement. Dressez votre plant au milieu du fossé ; et s’il est enraciné donnez à le placer les mêmes soins, la même attention qu’exigent tous les jeunes arbres qu’on replante. Faites en sorte que votre plantation achevée, le terrain soit uni dans toute son étendue. Ces éminences qui forment entr’elles de petits sillons ne sont que des réservoirs d’humidité et les moyens de favoriser les gelées. Ayez toujours à votre disposition un certain nombre de marcottes pour remplacer les plants qui viendroient à périr pendant les trois premières années de la plantation. Enfin n’oubliez pas, en cantonnant, pour ainsi dire, vos divers cépages, en