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Les différences remarquées par M. de Fourqueux sur l’abondance du produit et sur le retardement de la maturité du raisin, se sont-elles soutenues ; ou bien des causes locales inconnues ont-elles ramené la portion en expérience au même degré de fécondité et de maturité que les autres parties de la vigne ?

« Notre climat étant très-froid, même au Midi, les essais ont été si peu productifs que mon père a lui-même détruit ce qui étoit au Nord ; et mon vigneron, qui est le même que du tems de mon père, m’a fait détruire, il y a quatre ou cinq ans, l’essai fait au Midi, attendu que la gelée, presque tous les ans, et le manque constant de maturité, rendoient le produit extrêmement inférieur à celui de la culture du pays ».

En cas de succès quelconque, cet exemple a-t-il été imité dans le pays par d’autres propriétaires de vigne ?

« Personne n’a répété cette expérience dans le pays ; et mon vigneron, qui est lui-même propriétaire, n’a jamais été tenté de l’essayer chez lui ».

» Ce qui a paru le plus constant dans cette expérience, c’est que l’isolement des ceps les exposoit encore plus à l’inconvénient des gelées et s’opposoit à la maturité de ce qui leur étoit échappé, de sorte que si, comme je l’ai entendu dire à mon père, chaque cep isolé portoit plus de grappes, cette culture n’auroit encore d’avantage que dans un climat beaucoup plus chaud que celui-ci. Par le rapprochement de nos ceps, suivant la culture du pays, ils se préservent mutuellement de quelques coups de froidure ; et quant à la chaleur nécessaire à la maturité du fruit, elle se concentre mieux là où les ceps sont tellement rapprochés que l’air circule peu autour d’eux. Je vois ici tous les ans, dans mon petit coin de vigne, que la partie extérieure est toujours moins belle que l’intérieure, et je pense que c’est précisément parce que les premiers rangs manquent de l’abri qu’ils portent à ceux qui les suivent ».

Ces réponses sont claires, précises, authentiques ; il ne peut y avoir d’équivoque dans leurs conséquences ; l’expérience est d’accord avec la théorie : elles se réunissent pour prouver incontestablement que la vigne ne doit pas être espacée également par-tout et dans toutes les terres ; qu’à mesure qu’on approche du Nord, ou que quand on cultive au Midi dans une température moins chaude, par l’effet de quelque cause locale, qu’elle ne devroit l’être ; vû sa latitude, il convient de diminuer dans une sage proportion, par le rapprochement des ceps, le volume qui résulteroit autrement de