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laquelle ce magistrat rend compte des résultats d’un essai qu’il a fait sur le grand espacement des ceps, dans la terre de son nom, située, près de Saint-Germain-en-Laye. La voici :

« Je voudrois bien, monsieur, pouvoir vous donner avec exactitude le détail que vous me demandez sur le produit de la vigne que je fais cultiver suivant vos principes ; mais je n’ai pu me trouver chez moi, depuis quatre ans, dans le tems des vendanges. Je ne puis donc vous communiquer que les observations générales que j’ai faites par moi-même, dans les premières années… La récolte de la partie éclaircie a été constamment pendant cinq ou six ans, plus abondante d’un cinquième que celle de la partie voisine, ou les ceps étoient cependant trois ou quatre fois plus nombreux.

» J’ai remarqué que la maturité des raisins étoit plus tardive dans les rayons clairs, quoique mieux exposés à l’air et au soleil. La vigueur des ceps, l’abondauce de la sève et la grosseur des grappes de raisins étoient la cause de cet effet fâcheux, dans les années tardives et dans les climats froids comme le mien.

» Dans des terreins plus légers et des expositions chaudes, cet inconvénient ne seroit d’aucune importance : mais je suis convaincu que cette culture, infiniment meilleure que celle du pays, pourroit être sensiblement perfectionnée, sur-tout pour la taille, que nos vignerons en général exécutent sans principes, comme le reste ».

Il nous semble que cette lettre, loin de combattre notre opinion, ne fait au contraire que la justifier. Le passage suivant n’a pas échappé sans doute à l’attention du lecteur : J’ai remarqué que La maturité des raisins étoit plus tardive dans les rayons clairs, quoique mieux exposés à l’air et au soleil ; la vigueur des ceps, l’abondance de la sève, et la grosseur des grappes étaient la cause de cet effet fâcheux, dans les années tardives et dans les climats froids comme le mien.

Certes, nous n’avons pas voulu dire autre chose ; et ce seroit perdre du tems que de chercher à démontrer que tout l’esprit de cette lettre, loin d’être une arme à opposer à nos principes sur l’espacement proportionnel des ceps, est un des meilleurs moyens que nous puissions employer pour les étayer. Au surplus, il nous est parvenu des renseignemens particuliers sur la continuation ou les suites de la même expérience, qui serviront à fixer irrévocablement l’opinion sur cette importante partie de la culture de la vigne. Nous en sommes redevables au citoyen Abeille, un des hommes les plus éclairés de notre tems et l’un des plus zélés pour la propagation des connaissances utiles. Feu M. de Fourqueux lui avoit communiqué verbalement deux observations très-remarquables sur lu méthode de Maupin, rela-