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émanations humides, qu’après que celles-ci ont, en quelque sorte, été combinées avec l’air atmosphérique. Les vapeurs épaisses, nébuleuses, non encore raréfiées, sont les causes les plus prochaines des brouillards, des frimas, des gelées ; aussi ne peut-on être trop attentif à choisir, pour leur culture, un terrain éloigné de tout ce qui peut les produire et les conserver ; tels que les sources ou les eaux stagnantes, les taillis et les hautes futaies, les bocages, les bruyères, les genêtières, les landrières, les prairies naturelles ou artificielles, je dirois même les champs cultivés en céréales ; il n’est pas jusques aux clôtures en haies vives, jusques aux arbres épars, qui ne puissent être la cause d’un fléau pour les vignes. Les propriétaires de celles qui sont situées dans les ci-devant Angoumois et Saintonge, ont souvent à gémir sur la médiocrité de leurs récoltes, après en avoir admiré la préparation au moment où la fleur est prête à s’épanouir ; mais une abondante rosée survient, la plante se pénètre d’humidité ; l’effet du vent est nul pour la dissiper, parce que les grands végétaux y sont un obstacle à sa circulation ; le froid devient plus piquant au lever du soleil ; il saisit et condense les molécules aqueuses ; il les convertit en glace ; et les jeunes bourgeons et toutes les parties de la fructification sont entièrement désorganisés par l’impression des premiers rayons du soleil. On connoît la cause du mal, pn ne la détruit pas ; et on se plaint !

Ne perdons jamais de vue ce précepte de Virgile :


………Denique apertos
Bacchus amat colles…

« La vigne se plaît sur des collines découvertes ». On diroit que la nature a pris plaisir à former pour elle cette belle chaîne de collines qui traverse la Bourgogne. Elles tiennent les unes aux autres par des vallées dont la pente est si douce, qu’elle est à peine remarquable. Tournées au sud-est, elles présentent, dans leur union, la forme d’un arc détendu, par lequel les vignobles qu’elles renferment se trouvent, d’une part, à couvert des froids piquans du nord, des vents orageux du nord-ouest et des pluies froides et fréquentes de l’ouest ; de l’autre, ils jouissent plus long-temps qu’à toute autre exposition, des regards du soleil ; circonstance d’autant plus heureuse, qu’une grande masse de lumière, et une chaleur durable sont les premiers agens qu’emploie la nature pour l’élaboration de la sève ; aussi leur sommes-nous redevables de la qualité des vins de Volney, de Pomard, d’Alosse, de Pernaud, de Savigny, d’Aunay, de Nuits, de Chambertin, de Mulsaut, de Moraehet, Sillery, Versenay, Epernay, Moussy, Pierri, etc., etc.

Il peut cependant résulter de très-graves inconvéniens de cet aspect à l’est. Pour peu que la superficie du terrain soit disposée à conserver l’humidité ; si le sol est à découvert, du côté du sud-ouest ; s’il est avoisiné par des objets propres à produire des