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Concy, trois lieux au nord de Soissons. Toute cette grande étendue de l’ouest de la France, qui renferme la Picardie, les deux Normandies et presque toute la Bretagne, n’est point propre, en effet, à la culture de la vigne, tandis que la partie de l’est, qui est aux mêmes latitudes, renferme des vignobles du premier rang, puisqu’elle contient une portion de la Franche-Comté, presque toute la Bourgogne et la Champagne entière. Arthur Young en conclut qu’il y a une différence considérable entre le climat des parties orientale et occidentale de la France. Il estime que le côté oriental est plus chaud de deux degrés et demi que le côté occidental : il ne nous donne point la raison de cette différence. Quelques personnes, à la vérité, l’ont attribuée au voisinage de la mer ; mais cette allégation est vague et d’autant moins satisfaisante que, sur les côtes de la même mer, on voit les vignes amener leurs fruits au plus haut degré de la maturité. Telles sont celles de l’Aunis, des îles de Ré et d’Oleron, du riche territoire du Médoc et de celui du département des Landes. La vigne est cultivée, près de Bayonne, jusque dans les dunes de sable qui bordent la mer, et elle n’y est sujette à aucun autre inconvénient qu’à être ensevelie sous des tourbillons de sable mouvant.

Si l’on jette les yeux sur la carte, si l’on observe attentivement la position de ces provinces, respectivement à celle des îles britanniques et à toutes les régions du nord de l’Europe, on voit d’un coup-d’œil, combien la température de ces mêmes régions doit avoir d’influence sur le climat de cette partie du territoire français.. Elle forme un vaste promontoire qui s’avance à plus de 75 myriamètres en mer, si l’on prend pour sa base, d’un côté St.-Valéry, et de l’autre, les sables d’Olonne ; Brest est à sa pointe. Cette pointe se prolonge jusqu’à peu de distance de celle du cap Lézard ; de sorte que toute la contrée, depuis Dunkerque jusqu’à Brest, seroit abritée par l’Angleterre, si le détroit de Calais n’étoit une issue par laquelle pénètre une partie des Vents du nord-ouest, contraints par les montagnes du nord de l’Écosse, de refluer vers nos parages, après s’être associés et combinés, un peu eu deçà des Orcades, avec ceux du plein nord, déjà imprégnés de l’humidité et de tous les principes de froidure dont ils ont dû nécessairement se charger, eu parcourant les montagnes de glace de la Laponie, les frimas de la Norwège, les brumes de la Baltique et celles de la mer du Nord. Ces vents arrivent sur nos côtes avec d’autant plus d’impétuosité, et le froid qu’ils recèlent est d’autant plus sensible, qu’ils ont été plus comprimés dans leur passage, entre les côtes de France et d’Angleterre, au détroit de Calais. Les nuages portés ou poussés par eux, s’amoncelant sur les montagnes du pays Breton, et s’y résolvent fréquemment en pluies froides et d’autant plus sensibles