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moyens de s’accrocher pour se soutenir.

Quelques personnes ont cru que les vrilles ne sont qu’un produit de la coulure, et que, par l’effet d’un accident, elles n’existent qu’en remplacement des grappes. Ils n’avoient pas observé sans doute que les vrilles ne poussent que dans la moitié supérieure du sarment, c’est-à-dire là où le fruit ne se montre jamais, puisqu’on ne le trouve que dans la moitié inférieure. La sève trop peu élaborée vers les extrémités de la plante, parce qu’elle y arrive avec trop d’abondance, ne produit point de raisin ; elle n’est propre qu’à être convertie en partie ligneuse.

La fleur de la vigne est soutenue par un pédoncule qui se divise en plusieurs parties. Celles-ci se prolongent pour former la grappe. Au-dessous de la corolle est le calice qui renferme les organes de la fructification avant l’épanouissement de la fleur, de la même manière que les follicules membraneuses contenoient le bourgeon, les feuilles et le fruit : les pétales sont les défenseurs ou les conservateurs des parties de la génération. L’étamine ou poussière fécondante est la partie mâle de la génération ; elle s’échappe dans l’épanouissement de la fleur et se porte sur le stigmate, qui est l’orifice de la partie femelle de la génération. Ce sommet est criblé de petits trous par où cette poussière fécondante s’introduit jusqu’à sa base où elle rencontre le germe, autrement dit embrion, qu’elle féconde aussi-tôt. Cet acte donne naissance aux pepins ou semences qui seroient constamment destinés à reproduire la vigne si l’industrie humaine n’avoit trouvé des moyens plus prompts de la multiplier dans les crossettes, les chevelus et les provins.

Les semences de la vigne sont enfermées dans le grain du raisin. Ce grain contient en outre deux substances très-opposées, la pulpe et la résine colorante qui se manifestent au tems de la maturité. Celle-ci adhère à la peau membraneuse environnante : la pulpe forme le muqueux, le suc du raisin, et n’est point colorée. La couleur que l’on voit extérieurement est due à la résine adhérente intérieurement à la pellicule. Le raisin est blanc, noir, rouge, enfumé, suivant la couleur de cette résine. Elle conserve une espèce d’âcreté malgré la maturité du fruit.

La connoissance de la structure et de l’usage des différentes parties de la vigne ne doit point être considérée comme un objet de vaine curiosité, puisqu’elle doit avoir une grande influence sur la manière de la diriger et de la cultiver ; car il appartient à la théorie d’indiquer les règles de la bonne pratique. Quand nous considérons par exemple, combien est poreux le bois de la vigne, le volume de sa moële et le peu d’adhérence de sa peau extérieure, nous nous faisons l’idée des principes qui doivent nous guider dans sa taille. La force et la rapidité avec lesquelles s’élance la sève nous disent assez qu’elle se convertiroit entièrement en bois si on n’arrê-