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impriment leur partie saillante, très visible dans le bois de la seconde année. Les interstices qui séparent ces lignes, sont parsemées de pores assez grands pour être vus dans le jeune bois, sans le secours de la loupe ou du microscope. La partie qui renferme ces pores est plus rouge que celle des fibres. On ne voit point dans l’intérieur du cep les couches concentriques qui indiquent, comme dans les autres arbres, le nombre d’années de leur accroissement ; on n’y rencontre point d’aubier ; d’où l’on conclut que le cep transpire peu, et peut-être ne transpire-t-il point du tout.

L’écorce du sarment, ou plutôt sa peau corticale, est une continuation de celle du cep et de la racine ; elle est lisse ; mais on y remarque de petites proéminences formées par les extrémités des fibres ligneuses et longitudinales dont nous venons de parler ; elles y sont plus sensibles en automne et en hiver que dans les autres saisons. La partie ligneuse du sarment est mince, et conserve la même direction dans ses fibres que celles du cep et des racines. Les yeux ou bourgeons sont alternativement placés sur le nouveau bois ; ils naissent à l’endroit où il se forme une espèce de nœud, et le raisin sort toujours du côté opposé à celui de la feuille. La vigne, différant des autres arbres, à cet égard, ne donne son fruit que sur le bois nouveau, et seulement dans les bourgeons inférieurs du sarment.

La Moelle ou axe du corps ligneux existe dans le sarment, dans le cep et dans la racine ; elle est très-abondante, très-volumineuse dans le sarment plus resserrée dans le cep ; et, quoiqu’à peine visible dans ses racines chevelues, elle y existe cependant. La partie ligneuse la recouvre et lui sert d’enveloppe. Elle est composée de vaisseaux plus larges et moins serrés que ceux de l’écorce ou du bois ; ils se dessèchent peu à peu, à mesure que la plante vieillit et que le bois acquiert plus de consistance.

La moelle a toujours plus de volume dans les parties dont l’accroissement est rapide, que dans celles où il s’opère lentement ; aussi celle du sarment est-elle beaucoup plus volumineuse que celle du cep. Les vaisseaux de la moëlle étant plus distendus que ceux du bois et de l’écorce, ils élèvent la séve avec plus de rapidité et en quantité plus grande, pour fournir des sucs nécessaires à l’accroissement du sarment ; aussi, quand le bois est formé, les tuyaux moëlleux se resserrent-ils, parce que le bois n’exige plus alors autant de nourriture. On pourroit établir en règle générale sur la transpiration, qu’elle est plus forte dans les plantes dont la moëlle présente un plus grand volume : la vigne, le sureau, le tournesol, le maïs, etc. en sont la preuve.

L’œil ou bourgeon est une continuation de l’écorce, du corps ligneux et de la moëlle. Il est enveloppé, pendant l’hiver, par trois ou quatre folioles coriaces, pro-