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ganiques de la vigne et de désigner les fonctions que chacune d’elles est appellée à remplir pour concourir à l’ensemble de la statique végétale de cette plante, il est bon d’indiquer les moyens qu’emploie la nature pour opérer l’œuvre de la végétation. Le cultivateur qui les ignore, toujours incertain dans sa marche, ne peut être redevable qu’au hasard de ses succès quand il a le bonheur d’en obtenir. Outre les lois générales de la végétation, il en est qui sont en quelque sorte particulières à certaines familles de plantes, dans lesquelles l’industrie des hommes a contrarié jusqu’à un certain point l’ordre général des choses, soit en déplaçant les unes du sol et du climat qui leur avoit été originairement assigné, soit en cherchant à obtenir de quelques autres des résultats que la nature ne les avoit pas spécialement destinées à produire. La vigne a éprouvé cette double contradiction ; de-là l’indispensable nécessité pour ceux qui entreprennent de la cultiver, de connoître non-seulement les premiers élémens de la physique végétale ; mais aussi l’organisation particulière de cette plante ; autrement on se flatteroit en vain de lui appliquer les différens modes de culture qui lui conviennent.

La terre n’est pas seulement destinée à servir de support aux plantes, elle est encore le réservoir dans lequel les plantes puisent par les suçoirs de leurs racines une partie des alimens nécessaires à leur nutrition. Je dis une partie, parce que l’atmosphère est aussi un dépôt de substances alimentaires pour les végétaux, qui les aspirent par les pores de leurs écorces et par les trachées de leurs feuilles.

L’eau mise en évaporation par la chaleur est tout-à-la fois principe et véhicule du principe nutritif des plantes. Elle en est le principe, puisque les deux élémens dont elle est formée, l’oxigène et l’hydrogène sont eux-mêmes élémens de la sève : elle en est le véhicule, puisqu’après avoir dissous le carbone qui sert à la formation des parties fibreuses et ligneuses des plantes, elle l’introduit en elles sous forme gazeuse ou aëriforme.

Le carbone provient de la décomposition des matières animales et végétales. La manière dont la sève et le carbone circulent, s’élaborent et se modifient dans les plantes par le moyen de la chaleur et de la lumière qui s’y combinent avec eux, établit non-seulement les différences qui existent entre les familles, les espèces et les variétés ; mais c’est encore à elle qu’il faut attribuer la diversité qu’on remarque dans les formes des végétaux et dans la différence de saveur de leurs fruits.

La terre la plus propre à la végétation, en général, est celle dont le mélange de la silice, de l’alumine et de la calcaire est dans une proportion telle qu’elle puisse s’imprégner facilement d’humidité et la conserver de manière à ce que celle-ci sans cesse et insensiblement évaporée par la chaleur, suffise à la nutrition des plantes, jusqu’à