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Liste des races et variétés de vigne le plus généralement cultivées en France.

Vitis sylvestris Labrusca. C. B. P. C’est la vigne sauvage ou non cultivée. Elle croît spontanément dans presque toutes les haies des parties du sud et du sud-ouest de la France. Il est à présumer qu’étant cultivée, elle acquerroit à la longue les qualités dont elle est dépourvue dans son état agreste, qu’on obtiendroit de ses baies le muqueux sucré propre à être converti en vin ; de même que les races que nous cultivons dégénéreroient à la longue en vignes labruches, si l’homme cessoit de leur prodiguer ses soins. On peut donc croire que la vigne labruche est la souche de la plupart de nos races vinifères. Ses produits sont foibles et de peu d’apparence, comme ceux de la plupart des végétaux non cultivés. Ses grains sont petits, d’un noir foncé, et couverts d’une fleur qui disparoît sous les doigts quand on les touche. Sa grappe est courte en raison de sa grosseur ; elle est divisée en trois parties, parce que celle du milieu est surmontée de deux petites grappes latérales, en ailes. Le suc qu’on en exprime est d’une couleur rouge foncée et d’un goût très-acerbe, avant sa maturité complète. Ses feuilles, profondément découpées, contractent, avant de tomber, une couleur presque cramoisie.

Vitis præcox Columellæ. H. R. P. C’est le raisin le plus précoce de notre climat. Ses grains prennent la couleur noire, long-temps même avant leur maturité. Ils sont petits, ronds, peu serrés ; leur peau est dure et épaisse ; la pulpe qu’elle enveloppe, sèche, cotonneuse ; son eau peu sucrée, presque insipide ; ses grappes sont petites, de même que les feuilles. Celles-ci sont d’un verd clair en dessus et en dessous, et terminées par une dentelure large ou peu aiguë. Excepté en Provence, ce raisin n’occupe point de place dans les vignobles, parce qu’il n’a d’autre mérite que sa précocité, qui lui a fait donner le nom de maurillon hâtif, raisin précoce, raisin de Saint-Jean, de la Madeleine, de juillet, juanens negrès. C’est peut-être le tarney-courant du Bas Médoc ; et l’amaroy qu’on y cultive aussi est vraisemblablement une de ses variétés.

Vitis subhirsuta (acino nigro) C. B. P. Vitis lanata Carol. Steph. Prœd. Rust. Le plus hâtif après le précédent. Tout annonce qu’il en est généré. Ses grains sont noirs, gros, et médiocrement serrés ; la grappe courte et épaisse, la feuille trilobée, ayant en outre deux échancrures qui formeroient deux semi-lobes, si elles étoient plus profondes. (Voyez Pl. II.) Ses feuilles, sur-tout dans leur jeunesse, sont couvertes de toutes parts d’un duvet, d’une matière blanche cotonneuse, qui le fait distinguer de très-loin des autres ceps qui l’entourent. Ce caractère particulier lui a fait donner le nom de meunier, dans beaucoup de territoires. Dans d’autres, on le nomme maurillon ta-