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qui auront été reconnues différentes »…

Je partage, mais non pas sans restriction, les opinions du citoyen Duchesne. Comme lui, je ne pense pas que ce soit par des expériences faites dans les terroirs de Bordeaux, ou de Béziers, qu’on obtiendra des résultats applicables aux vignobles placés vers le nord de la France. Aussi peut-on, à notre avis, n’être pas entièrement satisfait de la réponse de Rozier à l’objection très-fondée qu’il suppose lui être faite ; savoir, qu’il n’obtiendra pas à Béziers du vin de Bourgogne. Le grand point, dit-il, c’est de faire mûrir le raisin complettement, et cette maturité ne me manquera pas. Mais, parce que tel raisin mûrira complettement et des premiers, dans une terre végétale et en plaine, aux environs de Béziers, où la chaleur de l’atmosphère maintient, pendant quatre ou cinq mois consécutifs, le thermomètre de Réaumur entre le vingtième et le vingt-huitième degré, est-il sûr que ce même raisin mûrira complettement dans les terres crayeuses et marneuses de la Champagne, où la chaleur ne parvient que rarement au vingtième degré, et ne s’y soutient jamais pendant trois jours de suite ? Comment croire, après cela, que des expériences faites dans le premier de ces lieux, puissent résulter des règles invariables pour le Soissonois ou le Laonois ? Si je ne fais pas du vin de Bourgogne à Béziers, ajoute Rozier, du moins j’y ferai de bon vin. Certes, je le crois bien ; car, partout ou l’on aura le climat, le sol, les sites de Béziers, quel que soit, pour ainsi-dire, le plant qu’on y cultivera, pourvu que la culture en soit soignée, et que l’intelligence préside à la fabrication du vin, on en obtiendra de bon ; mais je répète, avec le citoyen Duchesne, que des expériences de cette nature, faites à Béziers ou à Bordeaux, n’ont rien de concluant pour les deux tiers des autres vignobles de la France.

L’estimable professeur de Versailles pense, qu’en quelque lieu que la collection dont il s’agit s’exécute, il est probable que, par elle, on pourra déterminer les essences véritablement différentes, et parvenir à une bonne nomenclature. Je diffère d’opinion avec lui sur ce point. Le citoyen Duchesne sait, aussi bien que moi, combien le sol et le climat influent sur les qualités des végétaux. Cette influence ne peut s’exercer sur les qualités de leurs produits, qu’en raison des différentes modifications qu’éprouve la sève dans les canaux par lesquels elle dirige son cours. L’élaboration qu’elle subit alors est subordonnée au degré de dilatation de ces conduits, et à la direction qu’ils prennent pour porter et répandre la sève dans toute l’économie de la plante. Celle-ci reçoit elle-même toute l’ordonnance de sa charpente, de ses principes alimentaires, suivant les diverses combinaisons qui s’opèrent en eux, par l’action du sol et du climat dans lesquels ils se trouvent. La manière dont la sève circule peut donc n’être pas, et souvent, en effet, n’est pas par-tout la même dans les